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23 avril 2017

Mon histoire humaine

Je nuis né en 1948 à Montréal d'un père alcoolique et d'une femme enfant (ou adolescente). Ma naissance fut difficile : cordon ombilical autour du cou, utilisation de forceps, tente d'oxygène. On considérait comme un exploit à l'époque d'avoir sauvé mère et enfant. Ma mère eut la vessie déchirée et dut être hospitalisée à plusieurs reprises pendant deux ans.

J'ai l'impression que le traumatisme de ma naissance m'a suivi toute ma vie. C'est comme si j'avais la sensation que ma mère m'avait résisté à ma naissance, que j'avais dû me battre jusqu'à l'épuisement pour naître pour finalement abdiquer, que j'avais perçu l'intervention des médecins avec les forceps comme une violation de mon intimité intra-utérine, que lors de mon isolement en tente d'oxygène mon corps criait pour le contact rassurant avec celui de ma mère.

D'ailleurs, une éruption d'eczéma fut peut-être mon moyen de réclamer qu'on touche à mon corps.

Dans ma vie d'adulte, j'ai toujours eu de la difficulté face à l'adversité. La sensation qu'on me résistait amenait une sensation d'épuisement et la sensation de vouloir disparaître. Les gens que je ne connaissais pas, les étrangers éveillaient souvent en moi une sensation de panique, comme si j'étais en danger. Juste la pensée d'aller parmi des étrangers faisait naître en moi une angoisse (phobie sociale). Comme adolescent et jeune adulte, j'ai l'impression d'avoir couru après le corps de ma mère dans ma relation aux femmes comme si la proximité du corps de la femme avait un effet calmant sur moi. Il y a toujours eu une dualité en moi comme si vie et mort se côtoyaient : désir de vivre, peur de vivre, désir de mourir, peur de mourir. Cette impression fut d'ailleurs renforcée par d'autres événements relatés ci-dessous. Bien entendu, je n'étais pas conscient de ces liens avec ma naissance lorsque je vivais les situations. Ces prises de conscience émergèrent longtemps après lors de sessions, d'ateliers de croissance personnelle.

J'ai passé les deux premières années de ma vie avec mes grands-parents maternels et avec un oncle et une tante. Lorsque finalement ma mère fut assez rétablie pour me prendre avec elle, nous avons eu beaucoup de difficultés à s'apprivoiser elle et moi. J'ai l'impression qu'elle a vécu difficilement le fait que je la rejetais comme mère. J'étais un étranger pour elle (et je le suis resté selon ses propres dires) et elle pour moi. C'est comme si toute notre vie, elle a joué à la mère avec moi et moi au fils parce que le lien mère-fils-mère était presque inexistant.

À l'âge de 5 ans, sans raison apparente sinon la tendance de l'époque, elle m'amène sans même me dire pourquoi chez le médecin pour l'ablation des amygdales. J'apprends sur place qu'on m'enlève les amygdales. Lors de l'anesthésie à l'éther, j'étouffe, je crois mourir. Au réveil, j'ai une rage au cœur face à ma mère. Il ne reste plus rien du peu de confiance que j'avais en elle.

Comme à ma naissance, encore une fois, je me sens une victime impuissante.

Adulte, cet événement combiné à celui de ma naissance m'amena à figer et/ou à suer abondamment à chaque fois que je devais aller à l'hôpital comme patient ou même comme visiteur. Heureusement que ces réactions disparurent assez rapidement avec mon cheminement, mais je me sentais toujours comme une victime impuissante lorsque je devais me présenter chez le médecin ou à l'hôpital même dernièrement lors de mon diagnostic de cancer.

La prochaine étape marquante fut la naissance de mon frère lorsque j'avais six ans. Ma mère me laissa savoir que dorénavant elle aurait moins de temps pour moi parce qu'elle devrait se concentrer davantage sur mon frère. C'est comme si elle m'avait dit qu'elle n'avait pas assez d'amour pour deux et que ça devait être lui ou moi. Du moins, c'est comme cela que je l'ai vécu dû probablement à la précarité de notre relation. Du coup, je me sentais de moins en moins important pour elle et c'est comme si je ne devais plus avoir de besoins. C'était à mon tour de vivre un rejet de sa part (ou du moins, je l'ai vécu comme tel). De plus, cet événement coïncida avec mon entrée à l'école primaire.

Suite à cet événement, je recherchais ma mère chez les autres femmes : j'avais un attachement exagéré (peut-être même une fixation) envers certaines de mes enseignantes qui grandissait selon l'importance qu'elles me donnaient. J'évitais les sports de compétition ne me croyant pas à la hauteur, mais surtout parce que je ne voulais pas recréer celle que je vivais à la maison avec mon frère. La relation à mon frère était tendue. Je devenais de plus en plus agressif envers lui (surtout qu'il était plus expressif que moi donc qu'il prenait plus de place) et face à ma mère. J'ai toujours mal vécu la compétition dans ma vie personnelle ou professionnelle. Je m'effaçais ou je faisais tout pour me faire valoir au détriment de l'autre. Lorsqu'une femme me prêtait attention, je devais l'aimer. Aimer pour moi était une déduction : j'aime parce qu'on m'aime.

Ah oui et mon père là-dedans? Je ne le voyais presque pas. Il avait plusieurs emplois pour nous faire vivre et lorsqu'il ne travaillait pas, il buvait. Mon père fut absent de ma vie jusqu'à mes 12 ans, moment où il arrêta de boire. Il décida alors de me prendre en mains ce qui me fit regretter le temps où il buvait : au moins, il n'était pas à la maison. De 12 à 16 ans, ce fut une relation de dominé dominant période durant laquelle je me sentais être un esclave à son service.

À mes 16 ans, mon père m'apprend qu'il pense que je suis homosexuel, qu'il en a parlé à d'autres et qu'ils sont d'accord avec lui. Pour moi, c'est l'incident qui fait déborder le vase. Il en résulte une confrontation très violente entre moi et lui que j'ai perdu. Alors,  c'est moi qui suis mort à l'intérieur. C'est comme si je me suis coupé de moi-même parce qu’être moi selon lui et d'autres était d'être homosexuel. C'est comme si mon intelligence a figé ne pouvant comprendre comment il était arrivé à cette conclusion. Je lui en voulais de m'avoir traité d'homosexuel, mais surtout pour en avoir parlé à d'autres. Certains pourront penser que je l'étais pour avoir réagi aussi fortement alors qu'il en est rien. Je ne pouvais tout simplement pas accepter que mon père ose toucher à mon identité alors que je ne savais pas encore complètement qui j'étais. L'homosexualité pour moi n'était qu'un concept auquel je n'avais jamais réfléchi, mais à l'époque semblait être une tare morale en contradiction avec mon identité profonde que je soupçonnais à peine. Bien entendu, aujourd'hui, je ne partage pas cette conception et une personne de mon entourage dont je suis très proche est homosexuel.

À partir de ce jour, ma relation aux autres changea du tout au tout. J'ai commencé à me voir à travers les yeux des autres. C'est comme si mon identité devenait ce qu'on pouvait penser de moi et non pas ce que je ressentais de moi. Je me suis mis à agir comme un acteur sur scène afin qu'on pense du bien de moi.

N'en pouvant plus, dans les mois qui ont suivi, ma vie a basculé. Je suis devenu un autre. J'ai abandonné mes études alors que je réussissais très bien, j'ai commencé à travailler et à boire constamment. J'ai aménagé avec une femme que je connaissais à peine et nous avons eu une fille qui fut longtemps la seule consolation de ma vie. J'ai mené une vie de débauche (drogues, alcool, femmes) jusqu'à l'âge de 25 ans sans cependant perdre mon emploi; j'aimerais en dire autant de ma dignité.

Alors, j'arrête de boire en joignant les Alcooliques Anonymes. J'y découvre un mode de vie spirituelle. Je me marie avec une femme charmante qui accepte sans hésitation d'élever ma fille comme sa propre fille. Mais plus le temps passe, plus je suis malheureux. Je suis habité d'un paquet de sensations plus complexes les unes que les autres. Certains éléments de mon vécu remontent à la surface. Je crois devenir fou. Je ne pourrai jamais tenir le coup. N'en pouvant plus, après deux ans d'abstinence, je laisse A.A. au risque de reboire et je joins un nouveau groupe de croissance personnelle nouvellement arrivé de France. Dès mon premier contact avec l'intervenante, je me sens en confiance et ce qu'elle me propose comme démarche me semble tout à fait ajusté, réaliste et intelligent. De plus, sachant mon grand besoin de gratuité, elle n'ose pas me parler de certains coûts et attendra deux ans avant de le faire.

Je cheminerai avec eux durant les 30 prochaines années de ma vie. Pas à pas, j'ai découvert que la personne que j'étais devenu par mon vécu, ma culture, n'était pas la personne que j'étais profondément. Graduellement, j'ai revécu les événements de mon enfance et j'ai appris à en évacuer les émotions enfouies dans ma sensibilité. Progressivement, je me suis senti de mieux en mieux. À l'ouvrage, de commis que j'étais en 1966, je devins directeur principal, et ce, beaucoup grâce à mon cheminement personnel plutôt qu'à une formation professionnelle. Parallèlement à mon cheminement humain, j'ai entrepris un cheminement spirituel (voir autre texte "Ma vie avec Dieu") qui a pris de plus en plus d'importance au point que je décidais à 51 ans de prendre ma retraite et de me consacrer à plein temps à mon cheminement ce qui m'amène en 2007.

Fin 2007 début 2008, je vis les plus beaux jours de ma vie. Je me sens bien en moi, mais je sens de plus en plus de malaises physiques au niveau de ma tête comme si mon bien-être intérieur ne pouvait s'étendre jusqu'à ma tête. C'est comme si tout mon mal s'était concentré dans cette région. J'avais réussi à évacuer la majeure partie des émotions reliées à mon vécu, mais il semblait rester quelque chose au niveau physique que je ne comprenais pas. C'est comme si le mal qui m'avait déjà tordu les entrailles me tordait aujourd'hui le crâne. C'est comme s'il y avait eu somatisation du mal en ma tête. Je sentais que si je voulais continuer à cheminer, à aller vers plus, humainement et spirituellement, je devais m'en libérer. Tous les moyens que je connaissais pour y arriver ne semblaient pas fonctionner et je ne voulais surtout pas consulter un médecin qui me prescrirait des médicaments pour en atténuer les symptômes sans s'occuper de la cause. Alors, j'en parlai à une amie (l'intervenante mentionnée plus haut) qui me dit qu'elle venait de lire le livre "Guérir…" de David Servan-Schreiber dans lequel il mentionnait une nouvelle méthode nommée EMDR à base de mouvements oculaires. Je n'y compris rien, mais par curiosité je me suis procuré le livre. Mon amie me demanda ce que j'en pensais et je lui répondis que la technique me semblât farfelue et que, d'ailleurs, cela dût coûter une fortune et n'était certainement pas disponible dans ma région, et que de toute façon je n'y croyais tout simplement pas.

La semaine suivante, une amie revenant d'un séjour au monastère de Saint-Benoît-du-Lac me partagea qu'elle avait rencontré un moine qui lui avait parlé d'une nouvelle technique qui pouvait aider les gens qui avaient vécu des traumatismes et me demanda si j'étais au courant. Je lui demandai avec un sourire en coin s'il s'agissait de mouvements oculaires et elle me répondit oui, tout étonné. Je lui réponds que j'en ai vaguement entendu parler, mais que je n'y crois pas, la méthode étant trop simpliste pour un problème aussi complexe.

Quelque temps après, je prends connaissance dans le journal local qu'un médecin formé en EMDR est arrivée à l'hôpital de la région. Là, je n'en crois pas mes yeux et je commence à croire que la vie est en train de m'envoyer des messages et que je suis mieux de commencer à écouter. Comme si cela ne suffisait pas, je rencontre une voisine qui est suivie pour dépression et me parle de son médecin qui lui fait faire des mouvements oculaires. Ah, bien là, c'en est trop. Je demande un rendez-vous à mon médecin de famille et insiste pour qu'il me recommande au médecin en question.

Je commence alors les rencontres avec le médecin en question et éventuellement EMDR proprement dit. Entre-temps, je devins aphone. Ayant eu des problèmes avec ma voix (dysphonie spasmodique) depuis 30 ans, je n'y prêtai guère attention croyant qu'il s'agissait de conséquences du EMDR.

Quatre mois plus tard, j'apprends que j'ai une lésion cancéreuse sur la corde vocale droite.

Le mot cancer me paralyse. Je reviens à la maison. Je me sens calme… non, pas calme… je me sens figé… il n'y a rien qui bouge en moi… je suis en état de choc. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Ce n'est pas juste. Je n'ai pas cheminé toute ma vie pour que cela s'arrête maintenant avec un maudit cancer.

Et si le cancer était la conséquence de la technique EMDR? D'ailleurs, les premiers symptômes n'étaient-ils pas apparus deux mois après la première consultation? Je cherchais un coupable, mais le grand coupable était mon vécu qui m'avait d'ailleurs amené à consulter. Le EMDR avait peut-être contribué à amener à un autre niveau de conscience le mal enfoui dans le corps et dans l'inconscient ce qui était d'ailleurs l'effet recherché afin de m'en libérer. Bien entendu, si j'avais pu choisir le "comment" j'aurais préféré que ce soit autrement, mais le plus important pour moi était que le mal sortait.

Je me sens démuni comme une victime impuissante qui subit son mal. Je prends conscience que je vis la situation comme à 5 ans lors de l'ablation de mes amygdales : comme une victime qu'on n'a même pas consultée pire qu'on n'a même pas avisée ni préparée avant d'arriver chez le médecin. Oui, c'est cela : je vis la situation présente comme l'enfant de 5 ans d'alors.

J'ai peur de souffrir, d'être mutilé, de perdre ma vie. Je prends conscience que je suis en train de vivre un deuil, le deuil de ma vie que je n'ai pas encore perdue, que je ne perdrai probablement pas, le taux de réussite étant de 95-98%. Je suis mon propre bourreau par les scénarios que j'imagine. Je me fais souffrir et mourir à répétition. Alors, pourquoi avoir peur de perdre quelque chose que je ne perdrai probablement pas tout de suite?

Heureusement, 4 jours après le diagnostic, j'ai une rencontre en EMDR qui réussit à me sortir de mon état de victime impuissante face à la maladie, au cancer, aux médecins, aux traitements pour ne plus jamais revenir jusqu'à ce jour. Il n'y a plus de drame. Je ne vis plus d'inquiétude. Ma respiration est plus dense, plus ample, plus intense, du nombril à la tête, sans coupure. Moins de pression crânienne, plus de vitalité. Je me prends en mains. Je révise mes habitudes de vie, mon alimentation. Je retrouve peu à peu l'adulte en moi.

De quoi est fait ce mal qui m'étrangle, me brûle la gorge?

C'est comme si le mal se frayait un chemin jusqu'à mon corps pour enfin s'exprimer et en sortir. Je dois habiter ce mal, l'accueillir, l'apprivoiser lui donner un nom et le dire. J'y suis. Enfant, je n'avais pas droit de parole. Non seulement je n'avais pas droit de parler, de m'affirmer, je n'avais pas le droit de m'amuser, de rire, de chanter, je n'avais pas le droit de vivre, d'être moi. On voulait que je ne prenne pas de place, que je sois comme un meuble, une commodité sans grands besoins.

Pourtant, j'ai souvent écrit sur ce mal, mais j'aurais eu besoin de le dire, de le crier à tue-tête, ce que je n'ai jamais fait. Tout le non-dit, tout le mal de la relation enfant-parents non dit par peur de la réaction, par peur de déplaire, par peur de blesser. Je suis étranglé par l'accumulation de mots non dits qui m'auraient soulagé. C'est ce cri de mort, ce cri de vie qui est coincé dans ma gorge, qui s'est frayé un chemin jusque dans ma gorge. Mon mal s'intensifie rien qu'à y penser.

Ce sont les mots non dits qui me brûlent la gorge. Je suis étranglé par l'accumulation des jurons, des obscénités qu'enfant j'aurais aimé avoir crié à tue-tête à mes parents pour me libérer de cette agressivité meurtrière qui m'habitait et qui s'est par la suite retournée contre moi pour me tuer à petit feu jusqu'à devenir cancer aujourd'hui. Ma vie gagnera, je le sais, je le sens, j'en suis convaincu.

Je ressens le combat entre la Vie et la mort dans mon corps. La vie est là. Je m'identifie à elle plutôt qu'à la maladie. Je ne suis pas la maladie, je ne suis pas le cancer, je ne suis pas juste un cancéreux. Je suis un être humain avec une bosse de 1cm dans la gorge qu'on dit cancéreuse.

Et si ce n'était qu'une répétition pour l'inévitable que j'aurai un jour à affronter de toute façon comme tout le monde? La situation devient moins dramatique. Je commence à voir la situation comme une grâce, oui une grâce qui me permet de faire un bout de chemin intérieurement en plusieurs étapes plutôt qu'en une seule face à la mort. Apprivoiser la mort pour vivre plus, pour apprécier la vie.

Les premières semaines de la radiothérapie se déroulent super bien, mais les dernières sont pénibles à vivre : brûlures, difficulté à avaler, difficulté à manger, à parler, sécrétion abondante, toux. Bizarrement plus que mon corps s'affaiblit sous les effets du traitement, plus je sens ma Vie intérieure prendre de l'ampleur. C'est comme si la vie au plus profond de moi veut participer à ma guérison et cherche à occuper tout mon espace intérieur. C'est comme si mon corps n'est pas assez grand pour tout contenir.

De retour à la maison, graduellement, je prends du mieux. Je connais une période de repos intérieur, je dirais même de satisfaction. Oui, je commence à être satisfait de mon cheminement, du travail accompli, de ma façon de vivre la maladie. La maladie aurait pu me changer pour le pire et pourtant je crois qu'elle m'a changé pour le mieux. Depuis ma maladie, c'est comme s'il y avait un avant et un après. Maintenant, j'ai peur de ne pas vivre assez vieux pour tout vivre ce que j'ai à vivre. J'ai une urgence à vivre. Je me sens de plus en plus responsable de mon temps soit de privilégier l'essentiel. Je me sens de plus en plus vivant. C'est comme si finalement mort et vie, humanité et spiritualité ne sont plus une dualité, ne sont plus en rapport de force, mais forment maintenant un couple harmonieux et uni. Un et l'autre marchent main dans la main vers une destination commune soit vers une plus grande humanisation pour une plus grande unification de toute ma personne.

J'avouerai que j'ai grand mal à départager les bienfaits du EMDR versus les bienfaits du cheminement humain vécus parallèlement et simultanément aux traitements.

J'ai l'impression qu'en début 2008 suite à 35 ans de cheminement humain et spirituel, j'avais atteint un niveau acceptable de bien-être et d'harmonie en ma personne. J'avais pu évacuer la plupart des émotions dérangeantes reliées à mon vécu, mais restaient une somatisation, une cristallisation au niveau du corps, de la tête dont je ne parvenais pas à me libérer. J'ai comme l'impression que les nombreux traumatismes de mon enfance se sont cristallisés strate par strate dans mon inconscient et ensuite se sont somatisés au niveau de la tête physique, mais aussi de la tête cérébrale (cerveau). (N'ayant aucune formation médicale, mon choix des mots est peut-être le mauvais).

Mais, désirant non seulement une harmonie entre mes instances, mais aussi une unité dans ma personne, j'ai fait appel à l'EMDR.

Si les seuls bénéfices du EMDR avaient été de mieux vivre mon cancer c'est-à-dire de le vivre en adulte plutôt qu'en enfant cela aurait été déjà beaucoup. En plus de cela, j'ai l'impression que le EMDR a largement contribué à déstratifier, à décristalliser strate par strate les résidus de mon vécu en mon inconscient et en mon corps d’où une sensation d'unité de plus en plus grande dans toute ma personne ce qui indiqua d'ailleurs le moment de mettre fin à la thérapie.

Étrangement, même si j'ai toujours souvenance des événements traumatiques de mon enfance, les détails sont plus flous comme si moins présents à mon champ de conscience.

Pour prendre une image orientale, j'ai l'impression que l'EMDR a contribué à une meilleure circulation de l'énergie vitale sur la kundalini (serpent de vie prenant sa source à la base de la colonne vertébrale jusqu'au dessus de la tête) en débloquant les trois chakras du haut : gorge, troisième œil et couronne.

J'avouerai cependant que je ne comprends pas encore comment s'opèrent les changements dans la personne suite à une séance de EMDR. Peu importe, ce sont les résultats qui comptent n'est-ce pas?

Est-ce que le EMDR a tout réglé? Non, il mes reste encore des tensions, des pressions et des engourdissements au niveau du crâne, mais beaucoup moins prononcés qu'avant. J'ai également tous les jours des moments de vertige me rappelant ceux vécus lors des séances de EMDR.

Dans l'ensemble, après un an de thérapie, je suis extrêmement satisfait des résultats. Un an, c'est bien peu pour régler (ou du moins pour amenuiser) les symptômes de chocs post-traumatiques vécus pendant près de 50 ans.

Est-ce que les résultats seront durables? Seul le temps pourra le dire.

  Robert

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