Être et corps
Il est impossible de cheminer sans la participation du corps. Fur et à mesure que nous nous transformons intérieurement, le corps se transforme lui aussi. Cependant, étant de nature plus solide, la transformation se fait beaucoup plus lentement. D'un corps tordu par la souffrance et par les blessures affectives, il deviendra peu à peu lui aussi à l'image et à la ressemblance du Père. Cela ne se fait pas sans malaise pour des périodes plus ou moins longues selon le vécu de chacun parce que l'intelligence qui s'est érigée en roi et maître (pour ne pas dire en dictateur) ne voit pas d'un bon œil le fait d'être transformé en serviteur de l'Esprit en soi. Notre tête résiste de toutes ses forces à notre transformation intérieure. Pour mieux vivre cette transformation, il faut apprendre à se centrer de plus en plus au tréfonds de soi tout en habitant sa respiration et en la canalisant vers la zone endolorie. Il ne faut surtout pas perdre de vue le but à atteindre soit de se rapprocher de plus en plus de Dieu en soi en lui accordant de plus en plus d'espace. Un jour arrivera quand la vie de l'Être se répandra en tout notre corps. Notre corps deviendra de plus en plus souple et même notre teint pourrait devenir radieux. (Une photo en noir et blanc de Charles de Foucauld laisse entrevoir une lueur émanant de son visage et certains ont rapporté le même phénomène au contact de certains saints.)
Le corps de certains saints a connu des expériences assez extraordinaires: odeur de sainteté et/ou lueur se dégageant du corps, lévitation, don d'ubiquité, non-putréfaction du corps après le décès. C'est comme si le corps en se transformant était de moins en moins assujetti aux lois de la physique et relevait de plus en plus des lois spirituelles.
L'Être, de "contenu" deviendrait le "contenant" et le corps, de "contenant" deviendrait le "contenu".
Jusqu'où peut aller cette transformation?
Se pourrait-il qu'en accueillant Jésus-Christ sans aucune résistance au point où il pourrait transcender toute notre personne, nous soyons libérés du péché, de la maladie et de la mort?
Se pourrait-il que, dans mon retour vers le Père, mon corps ne soit pas appelé à mourir, mais soit plutôt appelé à devenir lumière lui aussi?
Se pourrait-il qu'au lieu de mourir, il soit appelé à ressusciter dans sa chair dès cette vie-ci, ici et maintenant, et retrouver ainsi sa condition d'avant le péché originel?
Se pourrait-il que l'on soit appelé Être et corps à vivre une ascension, que la mort devienne une décision consciente de quitter le plan terrestre après ce pour quoi on a été créé est accompli?
Si la réponse est oui à toutes ces questions, alors, pourquoi cela ne s'est-il pas encore produit sauf pour quelques exceptions notamment Élie, Marie et Jésus?
Cela exige un degré de sanctification et de purification que seuls certains saints peuvent atteindre;
cela exige un abandon total en toute humilité et en toute confiance, Être et corps, à la volonté Dieu;
cela demande un changement radical d'attitude face au corps et à sa mortalité;
cela exige une conversion radicale du corps.
C'est cet être humain redevenu enfant de Dieu dans toute sa personne, Être et corps, qui serait peut-être appelé un jour à connaître un passage lumineux vers l'éternité plutôt qu'une mort matérielle.
Néanmoins, tous ces phénomènes ne seraient que des conséquences secondaires du cheminement et ne doivent jamais au grand jamais devenir le but du cheminement. En accordant trop d'importance à ces phénomènes, le plus grand piège du chemin spirituel nous guette et risque de nous perdre : l'orgueil spirituel. Alors, en tout temps, maintenons une attitude d'humilité à l'exemple du serviteur inutile en accueillant ce qui est donné sans se l'approprier. L'important c'est d'être en chemin.
Je continue à croire que l'être humain est appelé par Dieu à vivre de belles et grandes choses si seulement il avait la foi pouvant transporter les montagnes et s'il pouvait, en accueillant le Christ et avec son aide, faire le passage de son état de pécheur à celui d'enfant de Dieu.
Voici ce à quoi l'Amour de Dieu nous convie soit à une sainteté ordinaire, une sainteté incarnée en notre humanité. Y croirons-nous? Qu'attendons-nous pour accueillir Jésus-Christ et nous mettre en marche à sa suite?
C'est ce que je nous souhaite à tous.
Robert
P.-S. Je suis conscient que ce texte puisse faire naître quantité de questions, de sensations agréables ou désagréables. N'hésitez surtout pas à m'en faire part et je vous répondrai personnellement.
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