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14 novembre 2014

Réflexion sur le Carême, Pâques et la Résurrection


Le carême 

Dans mon enfance, le carême était un temps ennuyant, morne, sans joie, un temps de privation. Je me privais de sucreries sans trop comprendre ce en quoi cela pouvait plaire à Jésus.. C’était comme si le temps s'arrêtait. J'allais à la messe à tous les jours avec les croisés pendant quarante jours sans trop savoir pourquoi. Ce n'était pas un effort mais je le faisais sans grande conviction.  

Pâques, la fête du chocolat, des habits neufs, la joie retrouvée. Ah oui, Jésus est ressuscité mais il était où? Je ne comprenais absolument pas ce que Jeannot Lapin et Jésus ressuscité avaient en commun. Je sentais qu'il y avait quelque chose qui m'échappait, qui me dépassait sans trop savoir quoi.

Aujourd'hui, le carême n’est plus une période de privation qui dure 40 jours, mais une façon de me vivre de jour en jour, de prendre de plus en plus conscience de Dieu en moi, mais surtout d’identifier ce qui fait obstacle à Dieu en moi, de m’en priver et de demander à Jésus de m’en délivrer. 

La semaine sainte 

Enfant, la semaine sainte était la semaine triste: je me sentais coupable de rire, de m'amuser plus que la semaine avançait. Jésus était mort pour mes péchés mais quels péchés… je n'étais qu'un enfant. Il est mort pour me racheter, pour me sauver mais me racheter, me sauver de quoi au juste? Je n'y comprenais rien. À bien y penser, non je ne me sentais pas triste mais je devais être triste. 

Jeudi saint, Gethsemani : Jadis, que de fois j’ai vécu le jeudi saint dans ma vie d’homme, me sentant abandonné de tous, de Dieu même, lors d’une rupture, d’une séparation, d’un divorce, d’un décès, la dernière fois lorsque j’ai appris ma maladie, balbutiant avec peine sans grande conviction qu’il me soit fait selon ta volonté 

Vendredi saint, Golgotha : Jadis, que de fois j’ai vécu le vendredi saint dans ma vie d’enfant me sentant rejeté, mal aimé par ceux qui devaient m’aimer, me sentant abusé par ceux qui devaient me protéger comme si Jésus était crucifié à nouveau dans l’enfant que j’étais. Que de fois dans ma vie d’homme je me suis senti mourir intérieurement suite à une blessure de rejet, de non-amour par des êtres chers, voulant pardonner mais me sentant incapable de le faire parce que trop souffrant,  tentant de m’en remettre au Père pour que lui pardonne. 

Samedi saint, le tombeau : Jadis, que de fois j’ai ressenti cette non-existence, ce vide sans fond  hérité de mon vécu d’enfant où même le temps semblait s’arrêter croyant que je n’en ressortirais jamais.  

Aujourd’hui, le jeudi saint pour moi est quand, suite à un imprévu désagréable, je me livre au Père en toute ma nudité en lui disant qu’il me soit fait selon ta volonté. 

Aujourd’hui, le vendredi saint est quand je revois Jésus défiguré et crucifié à nouveau dans les enfants, les femmes et les vieillards. C’est aussi d’accepter de mourir à moi-même, de mourir au vieil homme en moi, C’est aussi de remettre mon humanité blessée et parfois blessante entre ses mains. 

Aujourd’hui, je vis le samedi saint quand, sans raison apparente, pour un temps plus ou moins long, je ressens l’absence de Dieu en moi parce que je suis ailleurs dans ma tête, dans mes soucis, dans mes inquiétudes.  

Pâques

Pâques, la résurrection : Jadis, que de fois dans ma vie d’homme il m’est arrivé contre toute attente de ressentir un retour à la joie à la suite d’une rencontre, un retour à l’espérance d’une vie meilleure suite à un changement pour le mieux dans ma condition et un retour à la confiance suite au geste gratuit d’un être proche.

Aujourd’hui, je vis Pâques quand Jésus se redresse en moi et moi avec lui pour crier haut et fort qu’il est ressuscité, qu’il est vivant et nous tous avec lui si nous le voulons et l’acceptons. C’est aussi de renaître à l’homme nouveau en moi, à celui qui a toujours été depuis le matin de ma création, mais qui a été enseveli sous les décombres de mon vécu humain.  


Jésus est le chemin, l'espérance qu'on peut venir à bout des ténèbres. La nouvelle alliance: Jésus trait d'union entre l'humanité blessée et son Père. Jésus, trait d'union entre mon humanité blessée et le Père. La résurrection de Jésus est la possibilité pour moi de ressusciter ici et maintenant au meilleur de moi. Une invitation de Jésus à mourir à moi-même, invitation à mourir au faux en moi, à mon image, au paraître, à mon vécu douloureux pour renaître en mon être, fils du Père, (Mt 10 39: Celui qui voudra garder sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la retrouvera). Sans Jésus, mon vécu douloureux, mon cheminement, ma vie n'ont aucun sens. 

Sensation de reconnaissance, de gratitude profonde face à son sacrifice, à son martyre, à son "viens et suis moi" (Mt 19 21). 

Pâques est aujourd'hui pour moi la célébration de la victoire de Christ sur le mal et l'espérance pour chacun de triompher de ses ombres grâce à Christ. 

Mourir à l'image pour renaître en son identité profonde telle est la promesse de Jésus à ceux qui le suivent.  

Pour moi aujourd'hui, Carême et Pâques ne sont pas une période de temps dans l'année. C'est devenu une façon de me vivre avec des petites morts et des petites victoires pour en arriver à vivre une plénitude d'être humain et d'enfant de Dieu. 

 Pâques, une façon de se vivre en démasquant ce qui fait entrave à notre montée vers la Jérusalem céleste, en acceptant d'y mourir et en traversant les ténèbres de notre vécu pour renaître en notre être.  

C'est ce que je nous souhaite 

  Robert
.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Nous avons tous vécu ces temps de carême dès notre jeune âge sans trop nous poser de questions.Aujourd'hui, nous pouvons répondre avec une Foi adulte. Comme tu le dis si bien:
il y a eu depuis ce temps, une certaine épuration au fond intime de nous même avec notre Créateur. J'en rends grâce à Dieu, pour tous les bienfaits accomplis dans ma vie.Que ce jour béni de la Résurrection vienne renouveler ma FOI au Christ Vivant.