Création et péché originel
Cette réflexion personnelle ne s'appuie sur aucune connaissance théologique. Elle est ce que je ressens et ce que je crois au plus profond de moi-même. Elle est le fruit d'années de maturation et de prises de conscience qui m'ont été données une à une. Ce sera une humble tentative de répondre aux trois questions existentielles qui nous habitent tous et qui méritent d'être répondues sans quoi il en résulte souvent un mal de vivre : qui suis-je, d'où viens-je et où vais-je?
Je vous incite à lire ce texte très lentement et à prendre des temps d'arrêt, si nécessaire, afin de laisser le tout se déposer en vous en toute douceur et de noter, au besoin, les sensations qui s'éveillent en vous.
Je ne veux absolument pas heurter les croyances ou les convictions de personne. Si jamais, la lecture de ce texte éveille en vous des sensations désagréables, je vous prie de m'en faire part et je vous répondrai personnellement.
Alors, commençons ce périple à l'intérieur de soi transcendant espace et temps.
Adam et Ève, mythe ou réalité?
Est-ce que je crois que Dieu a créé l'être de l'humain?
La réponse est… oui.
Est-ce que je crois que l'état originel de l'être humain a changé à une époque lointaine suite à un événement quelconque, à une erreur de sa part, à une désobéissance, à une révolte, à un… péché?
Oui, je le crois.
Est-ce que je crois que ces événements se sont déroulés tels que rapportés dans la Genèse?
La réponse est… non.
À une époque lointaine et selon une tradition orale déjà existante, l'auteur du récit de la création décrit en des termes simples et imagés des vérités spirituelles profondes tentant d'expliquer non seulement l'apparition du cosmos, de la planète Terre, de ses composantes et de l'être humain, mais aussi le sens de cette aventure pour l'être humain.
Pour moi, la création de l'humain fut avant tout la création dans un élan d'Amour et de partage par Dieu de l'Être "humain" (dans le sens de l'Être de l'humain) à son image et à sa ressemblance, donc immortel. Ensuite, Dieu dit "il n’est pas bon que l’homme soit seul" (Gn 2, 18) et il lui créa une (et non pas "des") compagne assortie.
Pour moi, ce fut la séparation de l'être humain en ses deux réalités, en son masculin et en son féminin. L'attirance de l'un pour l'autre est l'aspiration à retrouver l'unité originelle.
L'homme et la femme, avant le péché originel, vivaient un Amour à trois : Adam, Ève et Dieu et ils étaient heureux et en parfaite harmonie. Leur besoin d'être aimé gratuitement était rempli par Dieu.
Et, le péché originel alors?
Pourquoi cette interdiction de Dieu face à l'arbre du Paradis? Je crois que les parents peuvent très bien comprendre cette interdiction. Ne nous est-il pas souvent arrivé d'interdire certaines choses (comme de traverser la rue seul) à nos enfants connaissant le danger auquel ils s'exposent? Et bien, je crois que c'est dans cette optique que Dieu-Père interdit à Adam et Ève de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal sachant que cette connaissance les dépasserait et les conduirait à leur perte, mais la curiosité et le goût de l'aventure l'emportèrent.
Mais que fut le péché originel? Une pomme… la sexualité?
C'est pourtant écrit très clairement : l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Il y a rupture de l'unité première, de l'harmonie. Avant, ils étaient habités que d'une réalité, l'Amour ressenti en leur Être. À présent, ils sont divisés : d'un côté, la connaissance du bien et du mal et de l'autre, l'Amour. Un fait ombrage à l'autre.
Ils ne sont plus les mêmes maintenant. Ils sont conscients de leur nudité, ils se cachent, ils sont embarrassés. Leur relation à Dieu n'est plus la même. Ils se sentent fautifs, ils se sentent coupables, ils se coupent de Dieu. Dieu les cherche, mais ils se cachent… encore de nos jours. La relation entre l'homme et la femme n'est plus la même non plus. Il l'accuse, elle se défend, elle se justifie.L'unité n'existe plus. La relation à soi-même, à l'autre et à Dieu devient dysfonctionnelle.
Je crois qu'à la lecture du récit on sent très bien qu'il y a rupture d'unité, d'harmonie dans cette trinité Adam, Ève et Dieu. L'équilibre est rompu. La liberté et la proximité ne sont plus les mêmes.
(Se pourrait-il qu'une des raisons de si nombreux divorces de nos jours, un couple sur deux, et de l'éclatement des familles soit l'absence de Dieu dans les couples? N'attendons-nous pas trop un de l'autre en exigeant d'être aimé d'un amour gratuit que seul Dieu peut donner? Si les époux recherchaient cet amour gratuit en Dieu, leur chance de réussite ne serait-elle pas meilleure?)
Je crois qu'avant le péché originel l'Être "humain" ne vivait qu'à partir d'un pôle, qu'à partir de son Être créé à l'image et la ressemblance de Dieu alors qu'après, il y a deux pôles autonomes en lui : son Être et son mental. Avant, il n'avait conscience que de la sagesse de l'Amour alors qu'après, cette conscience unifiée est perturbée par la connaissance du bien et de mal, par l'ego qui devient sa prope idole. La dualité est née.
(Il est intéressant de noter que Dieu créa l'Être humain libre de le tromper. Existe-t-il plus grand Amour?)
Et Dieu les chassa du Paradis… dieu vengeur?
Punition? Châtiment? Ou tout simplement conséquences de leurs actes?
L'enfant qui traverse la rue malgré l'interdiction de ses parents et qui se retrouve handicapé pour le reste de ses jours, a-t-il été puni ou n'est-ce que la conséquence de son acte?
L'innocence fruit de la conscience unifiée est perdue à jamais. La conscience du bien et du mal change la donne. Il n'y a plus une seule facette de chaque réalité, mais deux: grâce et péché, santé et maladie, vie et mort, etc. …
À tout événement, la cohabitation de l'être humain et de Dieu en toute transparence, en toute proximité, en toute liberté n'est plus possible comme avant, la relation de confiance ayant été rompue par l'Être humain. Deux contraires ne peuvent habiter le même espace : l'unité de Dieu et la dualité de l'être humain, immortalité et mort, l'Amour et le rejet de l'Amour.
(Je soupçonne que, si l'Être humain avait reconnu sa faute en toute humilité plutôt que de la nier ou de se disculper et avait demandé pardon et avait imploré la miséricorde de Dieu en le priant de le guérir et de le remettre en son état originel donc, en croyant en l'Amour infini de Dieu pour lui, sa créature, le dénouement de l'impasse aurait peut-être pu être différent.)
Ne vous est-il jamais arrivé de rêver à un Amour gratuit, à un Amour parfait, dans une grande liberté, dans une grande proximité, en toute harmonie comme Dieu seul peut offrir alors que nous l'exigeons souvent de nos proches, de nos conjoints sachant très bien que nous le méritons, mais qu'ils n'y arriveront pas?
Ne vous est-il jamais arrivé de ressentir au plus profond de vous une blessure sans nom dont vous n'avez aucune souvenance et qui pourrait être la blessure de la distance, de la coupure avec Dieu?
Ne vous est-il jamais arrivé de vous sentir par moment comme un exilé sur la terre des hommes, comme si tout est bien beau, mais comme s'il manquait quelque chose d'essentiel à votre bonheur?
Ne sommes-nous pas tous dans ce bas monde à la recherche de ce paradis perdu d'avant le péché originel?
L'Ancien Testament
Dans l'Ancien Testament, Dieu tente par tous les moyens de séduire l'être humain, de le tracter par l'entremise des prophètes, mais peine perdue, l'être humain résiste. Avec toutes ses divisions intérieures résultant du péché originel, il se sent sollicité de toutes parts, tantôt par Dieu, tantôt par ses besoins, par ses manques, par ses désirs de pouvoir, de prestige, d'argent, de sexualité.
On sent à l'occasion que Yahvé semble perdre patience avec sa créature qui court à sa perte et qui semble vouloir s'autodétruire, spirituellement du moins.
Quoi faire pour sauver l'être humain de lui-même et malgré lui même?
La réponse…Jésus-Christ
Dans un élan d'Amour gratuit, Dieu-Père nous envoie son Fils unique en chair et en os afin de nous montrer comment se sortir de ce bourbier, et ce, au risque de sa propre vie. Nous croirions que l'histoire se termine ici, que tout le monde aurait compris eh bien non, malgré son incarnation, sa vie publique, son enseignement, ses miracles, sa mort, sa résurrection, son ascension, nous sommes encore à la dérive tenant Dieu responsable de tous nos maux, de toutes les guerres, des catastrophes naturelles.
Notre pauvre petit cerveau, l'ego s'érige encore en roi et maître et est encore trop orgueilleux, trop auto-suffisant pour croire, pour accueillir, pour s'effacer devant plus grand que lui (comme Jean-Baptiste a réussi à le faire), devant Jésus-Christ qui veut s'incarner en chacun de nous ici et maintenant alors que nous lui résistons comme un enfant gâté en lui disant: "Non merci, je suis capable tout seul" ou en adolescent révolté en le confrontant, en l'agressant et, à l'occasion, en le crucifiant à nouveau en soi et chez les autres.
Comment retrouver le royaume ici et maintenant?
En accueillant Jésus-Christ en notre vie, en chacun de nous, ici et maintenant. Je pourrais écrire des pages et des pages sur le sujet, mais ce n'est pas le but de cette réflexion et, d'ailleurs, elles furent déjà écrites: le Nouveau Testament.
Le but était de répondre aux trois questions existentielles:
Qui suis-je? Je suis avant tout Enfant de Dieu, fils et fille du Père.
Il ne faut surtout pas confondre le pécheur en nous avec notre identité profonde. Le pécheur est ce que l'on est devenu et non pas ce qu'on est profondément. Nous devons effectivement reconnaître notre situation de pécheur et implorer la miséricorde de Dieu, mais nous devons aussi accueillir notre identité profonde et nous reconnaître comme un enfant de Dieu créé à son image et à sa ressemblance et laisser cet enfant grandir et se déployer en nous. D'ailleurs, le pécheur n'a-t-il pas été racheté afin de faire le passage justement vers l'enfant originel en lui?
D'où viens-je? D'Éden, de Dieu.
Où vais-je? À Éden, à Dieu.
Qui suis-je? D'où viens-je? Où vais-je?
L'Enfant de Dieu que je suis retourne d'où il vient: à Dieu.
Mais comment retrouver notre unité originelle d'avant la chute ?
La réponse est simple: en s'abandonnant à Jésus-Christ, mais difficile à vivre surtout pour ceux qui ont vécu des situations de rejet et d'abandon étant jeunes.
Pour ceux-ci, ils devront commencer par prendre conscience de qui ils sont devenus, de nommer les blessures du passé et d'en guérir pour se libérer de l'emprise du mental et de la sensibilité sur leur vie pour finalement avoir accès à leur zone profonde, l'Être, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu-Père.
Dans les textes ci-dessous, je tenterai de montrer l'itinéraire à parcourir pour y arriver. Ne vous découragez pas. Le plus important n'est pas d'arriver, mais d'être en chemin. Cela devient une façon de se vivre et donne un sens à la vie. Je tenterai d'indiquer les moyens à prendre ainsi que les attitudes à développer.
Bonne route intérieure.
Robert
4 commentaires:
vraiment merci et bravo je me tue a vouloir faire partager tout ça mais je suis heureuse que je ne suis pas seul
mais peut etre je m'y prends mal votre blog est sensationnel j'espere que vous ne m'en voudrai pas si je l'utilise car vous avez trouvez les mots qui me manquaient
À Maryloup:
Merci de vos bons mots.
Une fois les mots sortis de moi, ils ne m'appartiennent plus. Ils vous appartiennent tous. Vous pouvez en disposer comme vous voulez.
En espérant qu'ils puissent éclairer votre route et celle de vos proches.
j'aime beaucoup tes commentaires personnels sur Dieu, la création et le reste.
Je partage le tout même si mon blog à moi est plus traditionnel.
Je reviendrai!
merci pour ce partage!
argogig.skyblog.Com
À gigi:
Merci de vos bons mots.
Au plaisir de vous lire.
Robert
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