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8 décembre 2013

Une pornographie fatale : une consommation criminelle par P. Daniel-Ange

ZF02112512
2002-11-25
P. Daniel-Ange: "Une pornographie fatale : une consommation criminelle"
Publication dans "France catholique"
CITE DU VATICAN, Lundi 25 novembre 2002 (ZENIT.org) - "Une pornographie fatale : une consommation criminelle*", c'est le titre de cette page du Père Daniel-Ange publiée dans l'hebdomadaire français "France Catholique" (http://www.france-catholique.fr/), à l'occasion de la campagne contre la pornographie lancée en France par l'Alliance pour les Droits de la Vie" (cf. ZF011115).
Pornographie : théorie ! Pédotrafic : pratique !
Une névrose obsessionnelle aigue : la pornosphère !
On a l’impression d’un phénomène collectif de névrose obsessionnelle aiguë. Comme si toute l’existence, tout le bonheur, toutes les raisons de vivre se réduisaient exclusivement à l’orgasme. On en est obnubilé (même de pauvres personnes âgées seront interviewées à la télé sur les détails de... leurs pratiques sexuelles !)
On se capsule dans une véritable pornosphère. Dont il est quasi impossible de s’évader, sans une force d’âme, une maîtrise de soi absolument exceptionnelle (voir chapitre suivant). L’esprit en est obstrué, obnubilé !
Elle va de pair avec une vraie castophobie [phobie de la chasteté]. Elle-même aspect de l’omniprésente biophobie : cette panique délirante devant la vie à naître. Tout est imaginé, calculé, fabriqué pour — à tout prix — éviter même le risque de concevoir. Jusqu’à friser le ridicule . Finalement le plus sûr : la stérilisation, et masculine, et féminine !
Et si par malheur on rate son coup, alors ne reste qu’à l’éliminer le plus expéditivement possible, sinon... à la sortie du sein . De toutes façons, cet enfant ne compte pour rien !
Cette horreur de la vie crée un vide tel, qu’il n’y a plus que l’orgasme partout et sans cesse, capable de tromper l’irrépressible besoin de vivre. Et l’on s’étonne que les jeunes soient secoués de spasmes !
Seul ersatz proposé à l’espérance qu’est toute vie nouvelle : la jouissance charnelle acharnée !
Et l’on s’étonne que des jeunes se flinguent, dégoûtés qu’ils sont d’une vie à ce point refoulée, d’un amour à ce point prostitué !
Et tout cela se fait imperceptiblement. Tels des miasmes respirés sans qu’on en soit conscients. Tels des messages subliminaux engrammés dans l’inconscient.
En douceur, mine de rien : c’est l’intoxication par insinuation, la perversion par infiltration...
Par ailleurs, le porno enferme dans une sexualité fantasmée, coupée de la réalité. Dans un univers masturbatoire qui pervertit du dedans la relation humaine. Voir son conjoint et même à la limite ses enfants comme des personnes devient impossible : ils deviennent chair plus ou moins fraîche à consommer.
Même dans les couples, on aboutit à une sorte de “prostitution conjugale”, où le sexe n’est plus qu’un instrument de domination et d’exploitation. Plus rien à voir avec l’amour ! La sexualité passe de l’expression à la consommation. Que d’époux intoxiqués par cette drogue de l’imaginaire, avouent projeter sur leur épouse et même leurs enfants les fantasmes dont ils sont saturés !
On parlera de « désagrégation quasi schizoïde » de la sexualité .
Des toxines en vente libre...
La pornographie semble anodine, si ce n’est divertissante. Mais visqueuse et vicieuse sœur de la violence, elle engendre des esclaves. Agressive, elle attaque ce qu’il y a de plus fragile en nous, rejoint mille complicités secrètes, réveille les pulsions, infecte l’imagination, pollue la mémoire, excite le corps, trouble le regard, souille le cœur, paralyse l’esprit. Ses images deviennent tatouages : elles s’impriment au fer rouge. Ces brûlures, qui en guérit ?
Le porno serait-il à l’âme ce qu’est le Sida au corps ?
Drogue de l’imaginaire, elle enchaîne tout autant. Preuve : son succès. Elle crée une dépendance : du soft au hard, on ne résiste plus. Peu à peu, elle tue le système de défense immunitaire. On ne réagit même plus à ses virus. On est phagocité ...
Mesquine surtout, quand elle cible jeunes et enfants : elle vise les faibles dans leurs points faibles. Elle sait viser pile et juste. Elle connaît les fissures stratégiques.
Précision égale à celle des roquettes dirigées au laser. Certains slogans et clips sont plus meurtriers que grenades et obus. Ceux-ci peuvent détruire une maison, une maison, cela se reconstruit. Une famille, qui la reconstruit ?
Nos villages les plus perdus, nos appartements les mieux calfeutrés, nos maisons les plus retirées, nos chambres les plus intimes : elle y accède . Pas une lézarde par où elle ne s’infiltre ! Telle une eau saumâtre dégoulinant par des fissures dans les plafonds d’une HLM.
Elle s’insinue partout : boîtes à lettres, petit écran, minitel, téléphone, internet... Elle n’épargne personne. Elle recherche surtout jeunes et ados... Jusque dans les lieux les plus innocents . Elle tourne à la dictature du sexe : véritable empire colonial (ou... vampire animal !)
Ce cocktail lythique tuant l’enfance...
Même les enfants sont atteints, pire : visés ! Leur pudeur naturelle en est violée. Vicié, leur sens du sacré !
Nos enfants les plus proches, les plus propres, la pornographie les déniche. Quel enfant de France ne connaît pas de téléphone, de télémessageries dites roses, à force de les voir partout placardés ? Coût rentable, coup réussi !
Combien de jeunes m’ont avoué avoir ingurgité ces saloperies, parfois des heures durant ! En se ruinant : et financièrement, et surtout psycho-spirituellement. Certains, dès 8-9 ans. Combien, ayant simplement tapoté tel code minitel, sont tombés sur mots ou voix proposant un rendez-vous ? Ils s’y pointent. Dégoûtés, accrochés, traumatisés, certains en reviennent. D’autres ne reviennent plus jamais...
Dans certaines gares ou stations de métro, les écrans sont placés à hauteur d’enfant. De même que dans les kiosques, magazines et revues pornos sont exhibés juste au niveau de regard des 7-9 ans. Le plus lâche : mélanger les littératures .
À la télé, ces images sont programmées juste avant ou après les infos de 20 heures, afin d’allécher les plus jeunes . Soigneusement, sciemment, consciemment. Conscience en moins.
Le pire : quand du matériel dit de prévention-sida (donc subventionné par l’État), diffusé dans les écoles par certaines associations, met carrément en scène des enfants ...
Des vidéos pornos sont pires que ces mines antipersonnel, sur lesquelles sautent chaque jour des enfants du Cambodge .
De grandes conférences internationales tâchent de limiter l’emploi de ces mines, mais le porno, on s’en fiche ! Mines comme porno sont mortels : les premières pour le corps seul, le second pour l’âme et parfois pour le corps aussi, quand le Sida s’ensuit... Mortels, donc sataniques ! Satan n’est-il pas l’assassin par excellence ?
C’est atroce : on joue sur l’extrême perméabilité psychique des enfants. Plus que pour personne, les images s’y impriment au fer rouge. On sait le caractère traumatisant qu’ont les scènes sexuelles sur les petits.
Non, nul aujourd’hui ne peut nier le lien porno-pédo .
À force d’initier des enfants — fût-ce sous prétexte de prévention —, qu’on ne s’étonne pas que même des mineurs en deviennent violeurs .
Le plus atroce est atteint, quand ce sont des enfants qui sont non seulement initiés, mais qui sont impliqués, exploités dans la production de matériel porno : achetés, forcés, drogués souvent. Et parfois tués ! L’abominable kiddy-porn .
Aux pornocrates virant en pornotrafiquants, s’appliquent ces redoutables paroles du plus doux des enfants des hommes :
« Si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits... il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer ! Malheur au monde à cause des scandales ! Malheur à l’homme par qui arrive le scandale ! »
Mais nous ne demandons pas leur condamnation. Nous implorons leur conversion. Dès cette terre, nous voulons les arracher à l’enfer, les ouvrir à la lumière ! En attendant, ceux qui se taisent devant ce massacre-là des innocents, leur silence sera-t-il jugé comme connivence ? Leur lâcheté comme complicité ?
Du minitel au bordel, en fabriquant des criminels
Le but : non de flatter des rêves exotiques, éveiller des désirs platoniques, alimenter une récréation cérébrale ou un débat intellectuel. Mais bien de provoquer l’acte suggéré ou affiché par l’image dans sa crudité. Stratégie directement opérationnelle qui veut induire, inciter, exciter, susciter l’acte. L’information déclenche la consommation.
Il faut être singulièrement déconnecté de la réalité pour nier le lien intrinsèque entre porno-sado-maso et viols d’ados, entre porno-vidéo et bourreaux. Ceux qui en doutent planent dans l’irréel. Preuve : chez tous les pédotrafiquants, on trouve ce matériel en abondance (voir plus loin le cas de Ted Bundy).
Pendant des années, nous avons été trompés par la désastreuse théorie , dite de la “catharsis” : violence et pornographie serviraient d’exutoire bénéfique à l’agressivité. Aujourd’hui, la quasi-totalité des sociologues l’ont abandonnée, à commencer par son auteur, dès 1967. Ce n’est pas de la simulation, mais de la stimulation. Il s’agit d’un véritable conditionnement mental, impliquant passage à l’acte.
Roublarde, futée comme pas deux pour allumer ! Pour déclencher un incendie, suffit une allumette ! Elle s’y connaît en astuces, en ruses, en petits trucs. Elle en a, des tuyaux ! Avec un art consommé de la manipulation de l’inconscient. De manière quasi scientifique.
Mille fantasmes se défoulant en orgasme, mais au prix de douloureux spasmes. Ni accidents de parcours ou dérapages, mais — ici encore — choses pensées, réfléchies, voulues, calculées, programmées, provoquées . Calcul hautement performant : combien de jeunes m’ont avoué avoir effectivement tenté telle expérience précise, simplement sur suggestion d’une vidéo ?
Le raz de marée érotico-porno qui déferle dans les oreilles, devant les yeux et sous les doigts de nos enfants, n’a pas d’autre but : les faire passer tôt ou tard du minitel au bordel . Ce gigantesque matraquage savamment orchestré, magistralement organisé, ne vise pas autre chose : en arriver là, et le plus tôt c’est le mieux ! Quitte à distribuer en masse contraceptifs et préservatifs.
Ceci, alors même que les statistiques médicales établissent la connexion entre relations sexuelles précoces ou à partenaires multiples, et le cancer du col chez les filles, en plus des autres MST, et surtout le Sida (nous l’avons vu tout au long de ce livre).
Oui, la pornographie, c’est la théorie ! Le pédotrafic, c’est la pratique !
Pornotrafiquants, narcotrafiquants : même stratégie !
Calcul hautement rentable : plus les gens passent à l’acte, plus ils sont insatiables, et plus ils achètent.
Le porno est une gigantesque industrie, dont les chiffres d’affaires défient l’imagination. Aussi rentable que le trafic d’armes : deux industries meurtrières en dernière instance .
Nul doute que, si elle bénéficie de telles protections, c’est que ses bénéfices profitent à un certain nombre de personnes haut-placées, ou à certaines entreprises .
Il est difficile d’exclure des liens étroits entre le marché porno et celui de la prostitution (y compris enfantine). Et quand le label « prévention-sida » y est apposé, une partie des finances vient de l’État, on l’a vu .
Mais encore une fois, le marché de l’image, c’est en fait déjà le marché de la chair vendue très très peu chère !
Les pornotrafiquants ont exactement la même tactique que les narcotrafiquants. Paradoxe : on mène une lutte à mort contre ces derniers. On n’ose pas toucher aux premiers. Alors que les conséquences se rejoignent en fin de course.
Le cardinal Danneels dira que la pornographie « concentre les dérives du sexe, de l’argent et du pouvoir »
Le viol : violence insoutenable
Le viol s’amorce avec la violence . Atteindre ce que l’être porte de plus sacré, de plus profond, de plus intime, c’est déjà une violence qui — tôt ou tard — déclenchera la violence : terrible spirale !
Que d’interférences de la violence, en ce domaine qui — entre tous — devrait être celui de la douceur et de la tendresse ! Le viol, la plus violente des effractions : meurtre d’une liberté ! On en est horrifié .
Mais ces crimes qui régulièrement défraient la chronique sont la suite logique de mille incitations-insinuations à ce viol, banalisé au point d’en faire un fait-divers : divertissant .
Unanimité des psy sur les séquelles : destruction pure et simple, déstabilisation comportementale, automutilation, délinquance, fugues, vécu de mort, tentatives de suicide ...
C’est par centaines, que des jeunes m’ont avoué en avoir été victimes. Des années plus tard, ils en portent les traces physiques parfois, psychologiques toujours . Sans parler des blessures au niveau spirituel. Il faut quelquefois des années pour s’en remettre .
Le pire : quand au drame de l’effraction dans la plus intime des intimités, se mêle l’horreur d’être victime de ceux-là mêmes dont on attend une inconditionnelle protection . Lorsqu’un enfant, une ado, est violée par ceux de sa propre famille. Le plus souvent un oncle, un grand-père et surtout le propre père .
Parmi les jeunes qui se confient à moi, je demeure atterré par le nombre grandissant d’incestes. Levé le tabou, on en devient fou !
Mais là aussi, que d’incitations explicites continuelles ! Jusque dans des BD distribuées dans le cadre de la soi-disant prévention-sida. Et déjà simplement dans la pub commerciale. Incitations-provocations d’ailleurs autant à la pédophilie qu’à l’inceste. Bien joué : d’une pierre deux coups !
Ici aussi, sous prétexte d’info, une vraie pub (camouflée) est faite pour l’inceste, et l’on s’étonne — hypocritement — du nombre de cas ... Pire : des États prônent la légalisation des relations sexuelles avec des mineurs .
Normal : quand plus rien n’est sacré, pourquoi encore respecter la virginité de son propre enfant ?
Depuis peu — enfin ! — magistrats, médecins, éducateurs, travailleurs sociaux s’interrogent, se mobilisent, se concertent. Le silence est enfin rompu, l’opinion enfin alertée ! Mais la réalité elle-même continue d’être banalisée, si ce n’est normalisée . Du pessimisme ? Non, du réalisme !
Cette sexualité animale,... mécanique...
Les organismes militant pour un malthusianisme généralisé, comme l’IPPF ou le FPA, lobbies aux réseaux extrêmement puissants dans les pays anglo-saxons, ne se contentent pas de prôner des relations sexuelles orales et anales, partouzes, mawsbotiens collectifs, incestes frères-sœurs, mais même la zoophilie : on le retrouve régulièrement dans les campagnes de prévention-sida.
Et la dérive continue... C’est le corps-truc, corps-machin, sex-machine. L’acte sexuel ? Mécanique sur commande. Pas d’amour à exprimer. Pas de vie à donner. Pas de tendresse à dire. Personne à aimer. Personne à susciter. Personne à admirer.
Sur affiches et vidéos, on ne voit même plus le visage où se reflète l’âme. L’être humain est déshumanisé. Réduit à son seul corps, et celui-ci à ses seuls organes génitaux, eux-mêmes déconnectés du génital, ramenés à leurs stimulii mécaniques. Sexualité anonyme, aliénante, dépersonnalisante, machinale (machine et animal). Glaciale. Fatale.
Quand Éros épouse Thanatos...
Le viol est connecté avec le meurtre : violence suprême ! Prouvé : combien de cas où il est précédé ou suivi d’un assassinat ?
C’est aussi programmé dans le porno-SM [sado-masochiste] contenant par milliers des scènes de meurtres. Et l’on s’étonne ensuite des passages à l’acte ! C’est pire que la bestialité : les bêtes ne le font jamais. Stupéfiants, les prodiges d’imagination !
Ici, le vice s’éclate en sévices, la jouissance en souffrance, le plaisir en faire-souffrir, alors c’est déjà faire-mourir. La relation je-tu se pervertit en : je-tue. Le sadisme vire à l’assassinat. Le viol au meurtre. Tuer déclenche l’orgasme. Le plus beau signe de vie : instrument de torture. La plus merveilleuse expression de l’amour : la mort ! Je ne dramatise pas, j’expertise.
Thanatos a fini par vaincre Éros !
Quand le Sida est sciemment inoculé... à des enfants !
Ici, il faut avoir le courage de dénoncer cette autre forme de meurtres, certes moins spectaculaires, moins violents, mais non moins criminels : quand, sciemment, des hommes transmettent le Sida ...à des enfants ! Aux U.S.A., en Thaïlande , aux Philippines, ce sont des enfants par dizaines de milliers qui sont maintenant en train de mourir à petit feu, ayant contracté le Sida inoculé par ces irresponsables en quête de jouissances, en mal de sensations. Irresponsables ? S’ils savent leur seropositivité, ils sont coupables. Et osons le mot : homicides, pédocides !

Feux grillés : vies brûlées !
Paradoxe : d’un côté, atteintes à la pudeur, pédophilie, viols, sexo-meurtres, sont — Dieu merci ! — passibles d’actions en justice ; de l’autre, on tolère impunément toutes les incitations qui y conduisent !
Comparaisons : une police pénalisant lourdement les infractions, tout en laissant afficher toutes les incitations à enfreindre le Code. Laissant fonctionner simultanément feux rouges et verts, puis se précipitant aux carrefours pour distribuer PV et relever les blessés !
Pourquoi ces images routières ? Il s’agit ni plus ni moins du code de la route de l’humanité. On a dépassé les bornes, déplacé les balises, supprimé les panneaux de signalisation. On a voulu conduire n’importe comment, ivres de vitesse, grisés par le risque.
Pourquoi un code, sinon pour garantir la vie. Et aussi un minimum de tranquillité d’esprit : conduire sans être obsédé par la peur constante que l’autre fasse n’importe quoi.
Imagine que soient décrétée pour demain l’annulation totale du Code sur l’ensemble de la France. Le soir, au petit écran : « Aujourd’hui, 124 823 accidents mortels ! » Ton « Vive la liberté chérie ! », le voilà noyé dans un bain de sang et de sang-lots .
Ce beau slogan sur les routes de Belgique : « Brûler un feu, des vies en jeu ! » Que de feux grillés, que de vies accidentées, à force de jouer avec ce qui n’est pas un joujou, mais la chose la plus admirable, donc la plus redoutable au monde. On a bradé toute législation routière, car on a perdu le sens (raison profonde et direction) de notre itinéraire.
La sexualité tourne en rond, à vide. L’humanité ne sait plus autour de quelle orbite elle gravite. Ni où se lève la Lumière, ni pour quel Soleil elle est faite : elle est dés-orientée. Dé-boussolée. Dés-enchantée : elle ne chante plus. Trop noire, sa nuit !
Pour ne pas stériliser le sang de Mélissa et de Loubna !
Pour cesser de fabriquer des Dutroux et des Bundy !
Été 96, hiver 97... Et voici qu’éclate le drame de Sars-la-Bussière, venant tragiquement confirmer tout ce que je viens de dire.
Après tant d’autres, ces viols-meurtres d’enfants et de jeunes qui nous terrorisent, sont un symptôme extrême de ce syndrome d’implosion sexuelle, qui caractérise notre société au libéralisme amoral avancé. De tels drames se passent dans tous les pays occidentaux, et maintenant en Est-Europe. Avec sans doute la complicité de certaines hautes sphères politiques.
En France, combien d’enfants disparus ces dix dernières années ? La petite Marion... et tant d’autres. Où sont-ils donc partis ? On fait plus que le pressentir. On le sait parfaitement bien . Quand tout sera mis au clair, on en restera sidérés ! Déjà, de terribles vérités commencent à être élucidées...
Souligner ici trois aspects de ces tragédies, peu ou pas relevés dans les médias.
Où se trouvent les vrais coupables ?
Ce drame n’est que le passage à l’acte, dans une sadique cruauté, de tant de messages visualisés dans une cynique crudité.
Le porno-hard comporte en effet de continuelles incitations-provocations, non seulement à toutes les formes de sado-masochisme — comme on vient de le voir —, mais aussi précisément à la pédophilie homosexuelle ou hétérosexuelle. Insinuée comme normale, bien en dehors du porno, simplement dans la pub dite commerciale. Donc accessible à tous, partout et sans cesse . Ces pédotrafiquants sont donc des “créatures” de ces lobbies pornocrates qui semblent maîtres à bord, dans le totalitarisme psychomédiatique imposé à nos pays.
Ce témoignage de Ted Bundy, exécuté à Starks (Floride) le 24 janvier 1989. Dix-sept heures avant son exécution, il répond aux questions du Dr Dobson, président de Focus on the family. Il avait agressé sexuellement et assassiné 28 femmes. Élevé pourtant dans un milieu « merveilleux », avec « deux parents attentifs et aimants ». Chez lui et à l’école, que de bons exemples et de bons principes. Mais voici : « à l’âge de 12 ou 13 ans, je rencontrai la pornographie douce dans les rayons d’une épicerie ».
De la douce, il passe à la hard : « C’est comme une drogue, vous conservez une excitation insatiable, jusqu’à ce que vous atteigniez le point où la pornographie ne peut aller plus loin. Vous atteignez ce point quand vous vous demandez si le fait de passer à l’acte vous apportera plus que de le lire et de le regarder. Bien que mes parents aient été attentifs, la pornographie m’a arraché à ma famille. »
En prison, il a rencontré d’autres criminels de son acabit : « Sauf exception, chacun d’eux avait été profondément influencé et conditionné par une accoutumance à la pornographie ». Les rayons des magasins sont « pleins de ces choses qui envoient des jeunes gens sur la pente que j’ai suivie ».
Ted Bundy a donc été condamné à mort — lui, la victime. Les vrais coupables : ceux qui avaient condamné son âme d’enfant au cercle vicieux de la mort !
D’une main on vous pousse à l’acte, de l’autre on vous frappe pour ce même acte : pas de pire sadisme ! Une main tient l’appât, l’autre le bâton : pas de pire cynisme !
On vous matraque pour les choses mêmes dont on n’a pas cessé de vous matraquer : pas de pire hypocrisie !
Pourquoi seule la violence peut-elle secouer notre indifférence ?
Tout cela se passe dans l’indifférence ou en tout cas l’impuissance apparente des pouvoirs civils et judiciaires. Dans une société où les gouvernants semblent pris en otages par la soi-disant opinion publique, elle-même manipulée — forgée — par les caïds des médias télévisuels. Eux-mêmes semblant tenus en laisse — question finances — par certains lobbies pornotrafiquant en coulisses.
Nous récoltons donc ce que nous avons — sciemment ! complaisamment ? — laissé faire.
Suite aux pédo-meurtres dramatiques de 1996 en Belgique, de 1997 en France, les pouvoirs publics commencent — enfin, enfin ! — à réagir (saisies de vidéos par milliers, inculpations par centaines). Mais pourquoi, pourquoi donc avoir attendu de telles tragédies pour enfin ouvrir les yeux ? Depuis des années, ce matériel est régulièrement envoyé aux autorités compétentes, comme aux différents responsables d’Église, espérant une action énergique, au moins une législation mieux appliquée, ou ne fût-ce qu’une parole, une seule parole... En vain !
En Angleterre et au Canada, il a fallu en arriver aux meurtres d’enfants par d’autres enfants, pour enfin provoquer une réaction massive exigeant de censurer la violence télévisuelle, dont ces meurtres étaient une des tragiques conséquences. Mais pourquoi donc seule la violence est-elle capable de nous arracher à notre inconscience ?
Ne faut-il pas profiter de la révolte grondant dans le bon peuple pour, — enfin, enfin ! — faire appliquer efficacement en France le dernier article [227 22-24] du Code pénal, protégeant encore l’enfant contre pornographie et agressions sexuelles, mais restant généralement lettre morte ?
Urgence de neutraliser, sans l’ombre d’une concession ou d’un compromis, ceux qui militent ouvertement — aussi bien dans le monde politique que sur la scène médiatique — pour l’abrogation pure et simple de cet article. Cela, au nom de la “liberté d’expression” (au nom de laquelle on pourrait alors inciter... à tuer !).
Comment ne pas suspecter une connivence entre eux et les pédo-pornotrafiquants ? Si hommes et femmes de bon-sens ne se liguent pas pour contrer ces manœuvres sordides, il suffirait d’un changement de majorité politique pour qu’ils arrivent à leurs fins.
Par ailleurs, cracher sur le sacré induit aussi à ne plus rien respecter. Si l’on ne respecte pas la conscience d’un croyant, pourquoi donc respecter l’innocence d’un enfant ?
Si la virginité de Marie est sans cesse tournée en dérision, la chasteté des consacrés sans cesse suspectée, pourquoi respecter l’intégrité d’un jeune ?
Lâcheté ou timidité ?
Nous fabriquons bien d’autres Dutroux ou Bundy, en laissant toutes ces incitations-provocations — finalement : au crime — agresser et infester l’imaginaire des jeunes, ainsi que des adultes, mais d’abord des enfants. Ce qui, déjà en soi, est de l’ordre de la criminalité.
Ces campagnes de perversions, manifestement soutenues en coulisses par des pornotrafiquants, profitent de la lâcheté des autorités judiciaires et civiles, de l’incompréhensible timidité des autorités religieuses. Et la lâcheté de nos autorités et de nos pasteurs pourrait être jugée par l’Histoire — et l’est déjà par des parents vivant pareille tragédie — comme une complicité de silence, un refus (anticipé) d’assistance à enfants/jeunes en danger. En danger mortel !
Silence angoissé de tant de jeunes et de parents qui ont encore gardé le sens des vraies valeurs ou simplement un peu de bon-sens, et surtout d’humanité. Et qui se sentent impuissants, si ce n’est écrasés devant un tel raz de marée noire. Qui attendent en vain un cri d’alarme de leurs pasteurs, déçus qu’ils sont par le profil bas que semblent tenir certains.
Par contre, de nouvelles lois draconiennes pour sauver la vie de nos enfants, ni plus ni moins, seraient plébiscitées par le bon peuple traumatisé par ces événements. Et terrorisé à la seule idée que cela puisse être commis n’importe quand, par n’importe qui, et n’importe où .
Suite aux drames de ces derniers mois, heureusement une prise de conscience se fait. De vastes campagnes contre la pornographie mobilisent, non plus quelques groupes isolés, mais une partie de la population (par exemple celle de l’Alliance pour les droits de la vie ). Ces réactions s’avèrent souvent payantes.
Arracher l’amour à la consommation commerciale
Cette mentalité obscurément diffuse et systématiquement diffusée inocule jusque dans l’inconscient collectif l’idée (idéologie ?) que le corps n’est qu’un gadget à consommer. De là à réduire l’enfant aussi à un truc à consommer à gogo, il n’y a qu’un pas. Franchi par pubs, tracts, émissions-radio, téléfilms, internet, etc, circulant en toute impunité dans nos pays. « Véritables spirales infernales qui menacent les enfants et les jeunes, leurs cibles préférées. » (La Cité vivante)
Et qui en profite, en dernière instance ? Les réseaux internationaux du commerce sexuel.
Ces tragédies, on n’en viendra pas à bout en imposant des sanctions, mais en travaillant en amont, en remontant aux causes. D’un côté, éradiquer ces insolentes incitations pornos ; et de l’autre — surtout — donner aux jeunes une vraie formation à l’amour, en vue d’une saine écologie des corps. En promouvant cette chasteté qui protège l’amour (voir chapitre suivant).
Si l’on veut éviter de nouveaux Dutroux, si l’on veut sauver par milliers des Julie, Mélissa, An, Eefje, Élisabeth, Loubna, Marion, il faut agir immédiatement avec la plus absolue fermeté. Des vies d’enfants sont en jeu ! Nos familles de demain sont en jeu ! Nos peuples sont en jeu.
Tout ceci, n’importe quel homme et femme, en qui subsiste le sens de la vie et de l’amour, le comprend. Nul besoin d’être chrétien pour cela.
Un gouvernement énergique suscitera le soutien unanime d’une majorité silencieuse et accablée, n’attendant que cela. Elle n’en peut plus d’être continuellement agressée par quelques lobbies hurlant et gesticulant pour imposer de manière intolérante et intolérable leur conception d’une chair réduite à une marchandise à commercialiser bestialement.
Urgence donc d’une éducation sexuelle — officielle ou non — qui replace repères et balises. En un mot : d’un code de la route permettant à l’amour de circuler sans risquer de tels accidents mortels.
Pour une thérapie intégrée de libération-guérison
Autre dimension, mais ici que seul un croyant peut saisir. Lorsque la sexualité se fait sauvage à ce point, elle devient non seulement animale, mais carrément satanique. Elle arrive à l’inversion absolue : ce que Dieu a donné pour notre bonheur engendre la terreur. Ce qu’il a voulu pour la vie provoque le meurtre. Dans les acteurs criminels, ne faut-il pas reconnaître des pécheurs marqués par le péché originel et, derrière eux, avoir la lucidité de dénoncer celui qui est l’Anti-amour par excellence et l’Homicide dès l’origine ?
Pour ces personnes victimes de l’implosion sexuelle de notre société, traitements et thérapies psy de toutes sortes sont certes nécessaires, et peut-être bénéfiques, en plus de la détention. Mais quand l’aveuglement, l’inconscience (l’anti-conscience), la compulsivité sexuelle de ces obsédés atteignent de telles proportions, quand leur liberté semble à ce point entravée et leur volonté paralysée, ne faut-il pas y diagnostiquer une oppression directe de la part de Satan, esprit d’impureté et de mort par excellence ?
Pour les pédophiles-multi-récidivistes qui prolifèrent dans notre Occident saturé de sexe, détention, thérapies psy et suivi médico-judiciaire suffisent-ils vraiment ?
Ces cas extrêmes ne réclament-ils pas, aussi, le ministère de libération (c’est le mot exact) du Christ confié à son Église : cet exorcisme grâce auquel une personne peut participer à la victoire du Christ ressuscité sur tout esprit mauvais ?
Il est des cas (et l’irrépressible compulsivité en est un symptôme), où une personne ne peut être délivrée, qu’en laissant le Christ être vainqueur en elle de toute possession, obsession, compulsion . Ici, que fait l’Église de cette puissance divine, cette victoire pascale, à elle seule confiée ? Médecins et juges se penchant sur de tels cas, connaissent-ils l’existence de cette thérapie-là ?
Le problème est qu’il faut que la personne y consente, donc qu’elle soit croyante, et pas seulement en théorie. Le fait d’en arriver à de telles horreurs, littéralement démoniaques (seul adjectif ici valable), prouve qu’elle ne l’est pas. Une thérapie psy avec exorcisme intégré suppose une rencontre avec le Christ.
Alors je pose la question : la plus efficace des prophylaxies pour éviter pareilles récidives, n’est-elle pas finalement dans une conversion en profondeur au Christ, au moins à Dieu ? Conversion que nul ne peut imposer, bien sûr, mais qui peut leur être proposée dans tous les cas. Or, l’est-elle chaque fois ?
Toute conversion suppose une guérison du cœur. Guérison impliquant un pardon sincèrement mendié. Pardon exigeant un repentir en profondeur. Repentir provoqué par une rencontre personnelle avec le Sauveur. Rencontre devant être amorcée par des témoins venant préparer le terrain. Tout s’enchaîne !
Puisque ces personnes sont loin de Dieu, l’aumônier n’est pas toujours la première personne qui peut les aborder. Il doit être précédé par des témoins, si possible jeunes, qui auraient accès à elles, si elles veulent bien les recevoir. Et qui pourraient au moins essayer de les conduire, non au remords — chemin de mort —, mais à la repentance qui est espérance. Elle obtient le pardon de Dieu.
Pourquoi directions de prisons et autorités judiciaires, qui ont — heureusement ! — toujours recours aux psy et aux éducateurs-éducatrices spécialisé(e)s, ne feraient-elles donc pas appel à des baptisés — prêtres ou non — (je pense à des parents), ayant déjà une expérience d’assistance spirituelle, ou plus précisément un ministère de délivrance et de guérison spirituelles ? Ainsi qu’à des jeunes ayant une expérience d’annonce du Christ en “milieux à risques” ? Une telle thérapie spirituelle n’exclut en rien un traitement psy, bien au contraire. Elle s’y intègre. Non concurrence mais symbiose. De plus en plus de médecins sont conscients de cette inestimable collaboration, et de la nécessité de soigner en sa globalité la personne coupable — donc toujours victime.
Ensuite, s’ils sortent de prison étant effectivement rendus à leur identité d’enfants de Dieu, les laisser en liberté dans des conditions où ils seraient soutenus, entourés (par exemple dans des nouvelles communautés de vie) par des frères et sœurs en baptême, capables de les protéger (moins les surveiller que veiller sur eux) dans une vigilance d’amour. Et continuer de longues années durant une thérapie priante, fraternelle et sacramentelle suivie. Ne serait-ce pas la plus efficace des prophylaxies contre les tentations de récidives ?
Car finalement, si ces personnes ont fait tant de mal, ont bafoué l’amour à ce point-là, c’est qu’elles-mêmes sont profondément blessées (mal-aimées). Et ces blessures ne se guérissent que par l’amour de ceux qui pardonnent, et par les pardons de l’Amour en personne.
Où les assassins deviennent des saints...
Pour conclure, lancer un appel à la supplication pour ces malheureux. Il ne s’agit pas de les lyncher, mais de les sauver. Eux qui ont créé l’enfer dans l’âme de ces enfants et dans le cœur de leurs parents, l’enfer les attend s’ils ne se convertissent pas.
On en tremble pour eux. Et pour nous qui, à un niveau ou à un autre, sommes toujours plus ou moins complices de telles horreurs, ne fût-ce que par notre lâcheté à en combattre les causes, mais surtout de par nos propres connivences avec le péché.
À cet enfer, nous voulons les arracher. Pour eux aussi, nous n’exigeons pas leur condamnation à mort, nous voulons leur conversion à la Vie. Ces criminels ne sont-ils pas eux-mêmes des grands blessés de l’amour ? Méritant, certes, que justice soit faite, mais aussi ayant droit à notre compassion la plus profonde.
Et nous souvenant encore de cette petite Normande [Thérèse de Lisieux] qui, à 14 ans, a mis au monde de Dieu celui qu’elle ose appeler son “premier enfant” : un meurtrier de plusieurs enfants [Pranzini], nous osons penser que ce sont elles, les petites Julie, Mélissa, An, Eefje, Élisabeth, Loubna, Marion, qui vont engendrer à leur enfance éternelle ces Dutroux et consorts, qui ont massacré leur innocence d’enfants.
Oui, maintenant que ces petites voient Dieu, ayant traversé la grande passion des enfants innocents de Bethléem, ce sont elles qui vont, par leur propre sang innocent, obtenir du Cœur du Père que leurs assassins deviennent des saints. Pour louer et aimer le Seigneur avec elles, avec leurs parents, pour toute l’éternité.
Telle est notre espérance. Folle ! Et l’espérance ne peut décevoir, car l’Amour s’est manifesté dans l’Enfant-Innocent par excellence. Celui qui a supplié, en pensant à tous ceux qui le crucifient dans les plus petits de ses frères et sœurs : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font ! »
Alors viendra le jour sans fin où ces enfants pourront dire à leurs tortionnaires : « Entrez dans la lumière ! Nous vous accueillons chez nous, chez Dieu, donc chez vous ! » Et ils pourront leur dire : « Maman ! » Ils seront sauvés.
Amour saccagé : vies ravagées !
Résumons : le porno est destruction de l’amour, donc de la vie.
Car tout ce qui touche à l’amour atteint la vie. Tellement nous sommes faits comme Dieu : pour donner la vie dans l’amour. Pour un amour qui donne la vie [en Dieu, c’est un acte même et identique : il y faudrait un seul mot].
Un amour saccagé, c’est une vie ravagée .
Rendre l’amour dégoûtant, c’est dégoûter de la vie.
Écœurer le cœur, c’est vider la vie !
La vie perd toute valeur, là où l’amour perd sa saveur.
La vie devient une horreur, là où l’amour perd sa splendeur.
Quand l’amour perd sa signification, la vie perd son orientation !
Pourquoi donc vivre encore, s’il n’est possible ni d’aimer ni d’être aimé ?
Alors j’ose poser tout de go certaines questions : ne serions-nous pas en train de fabriquer des petits vieux ridés avant l’âge, souillés par de gros vicieux ? Jusque dans certaines écoles ?
Ne sommes-nous pas en train d’engendrer les débauchés — donc les désespérés — de demain ? Les dépravés d’aujourd’hui ne risquent-ils pas de devenir les épaves de demain ?
Ne préparons-nous pas une autre épidémie : celle des suicides ?
Une autre hémorragie : celle du sang de l’amour ?
Ces questions : malheur à qui les prendrait à la légère ! Elles sont redoutables.
Dégradation d’une génération : disparition d’une nation
Impression d’une gigantesque opération (camouflée) de perversion (généralisée). Et donc de destruction à court terme d’une jeunesse, à long terme d’un peuple.
En Pologne, à l’ère soviétique, les communistes encourageaient en sous-main l’alcoolisme, freinaient toutes les œuvres s’attaquant à ce problème : meilleur moyen de neutraliser les forces vives d’un pays. Et de mâter un peuple en l’abrutissant. Pour les Romains, c’était du pain et des jeux. Maintenant, c’est du fric et du sexe. La politique de domination idéologique reste la même.
Impression d’une opération de perversion camouflée de la génération montante, et donc de destruction à court terme d’une jeunesse, à long terme d’un peuple. Car la dégradation d’une génération, c’est la disparition d’une nation. Processus inexorable de lente déshumanisation ?
Si déjà les jeunes adultes sont tellement blessés, immatures, insécurisés, mais que sera-ce donc dans dix ans ? Quand l’enfant d’aujourd’hui devra affronter le monde de demain ? On n’ose y penser... On en tremble !
Nous en avons maintenant une preuve arithmétique, je veux dire démographique, de l’ordre d’une évidence. À cause de la perte du sens même de la vie — conséquence inéluctable de la perversion des notions d’amour et de fidélité —, nos peuples d’Occident sombrent tous sous la ligne de survie. Parce que tant de familles en ont été éclatées, tant de nos jeunes bousillés, tant de nos berceaux laissés vides, nous ne savons même plus comment nos pays pourront simplement survivre d’ici vingt ans.
Bientôt, il n’y aura plus qu’un citoyen en âge de travailler pour un inactif à nourrir. Le papy-boom a remplacé le baby-boom .
Et très précisément, toucher à la femme atteint le cœur d’un peuple .
Comme pour le Sida, la première victime de cette agression est la femme. Elle est attaquée dans sa féminité même : et dans sa virginité, et dans sa sponsalité, et dans sa maternité. Bref, en son être même.
L’ONU tente désespérément de faire reconnaître, non plus les deux sexes, mais cinq “genders” : homme, femme, homosexuel, lesbienne, bisexuel (à la Conférence de Pékin, sur les centaines de pages du rapport officiel, seulement cinq fois le mot mère !)
L’idéologie ultra-féministe a voulu tromper l’opinion mondiale, en brisant la réalité naturelle de la femme en tant que femme .
« Tout se passe comme si l’homme était possédé par la rage de piétiner sa propre humanité [...]. Il s’agit de découvrir ou de redécouvrir en soi les racines de l’humanité . »
Pour exister simplement : résister courageusement !
Devant cette menace de totalitarisme, nous revendiquons la liberté totale de pensée, de parole et d’action dans la défense et la promotion des valeurs essentielles à la vie d’un peuple. Des repères sans lesquels une nation finit par s’autodétruire.
Ce qui paralyse sans doute bien des responsables politiques ou religieux, et les empêche de foncer, c’est la crainte d’une récupération par l’extrême-droite des revendications aux valeurs, de la lutte contre la débauche. Au point qu’on ne peut même plus réagir, sans être traités de fascistes ou d’intégristes.
Mais n’est-ce pas précisément notre lâcheté à tous et la démission des majorités ou minorités dites “de droite” qui font le lit de l’extrême-droite ?
Bien des braves gens, écœurés de ce raz de marée, filent dans ses rangs, parce que nulle autre formation politique ne semble vraiment mettre à son programme l’assainissement de l’immoralité publique.
Une politique saine, ferme, efficace, dans le domaine des valeurs à promouvoir à tout prix pour sauver un peuple (protection inconditionnelle des plus faibles, promotion de la natalité, soutien aux familles) couperait l’herbe sous le pied de l’extrême-droite.
Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’une formation politique extrémiste connaît des dérives graves, des outrances inadmissibles, des positions inacceptables, que tout ce qu’ils disent est ipso facto mauvais .
Nous refuserons donc de nous laisser intimider par des menaces, d’où qu’elles viennent, paralyser par de possibles amalgames, museler par l’outing, neutraliser par des procès d’intention.
Nous serons prêts à aller — s’il le faut — jusqu’à la résistance passive, pouvant impliquer la désobéissance civique .
Nous ne céderons pas ! Nous ne faiblirons pas ! Nous ne subirons pas !
Vous nos pères et nos bergers, ne nous lâchez pas, entraînez-nous !
Face à cette dictature naissante, on ne peut plus tergiverser, biaiser. L’heure sonne d’une gigantesque mobilisation générale de tous ceux qui sont ici concernés : parents, éducateurs, prêtres, médecins, politiciens. Tous doivent réagir, chrétiens ou non, croyants ou non .
Ici le petit peuple attend beaucoup de ses bergers : évêques, prêtres, pasteurs, responsables d’Église .
Aujourd’hui, n’est-ce pas leur devoir premier, leur ministère essentiel, leur vocation prioritaire, de sauver ce qui reste encore d’humanité, de s’opposer de toutes leurs forces à tout ce qui peut détruire le plus fantastique des dons de Dieu : la vie ! Donc l’amour.
Étant prêts pour cela à toutes les formes de martyre : de la marginalisation sociale à la prison. Via calomnies et camouflets .
Le berger ne donne-t-il pas sa vie pour ses brebis, surtout les plus chétives ?
Notre Jean Paul II nous y entraîne sans cesse : « Il n’y a que l’obéissance à Dieu pour faire naître la force et le courage de résister aux lois injustes des hommes. Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prêts même à aller en prison ou à être tués par l’épée, dans la certitude que cela fonde l’endurance et la confiance des saints. » Evangelium vitae n° 73.
Aux temps dits “barbares”, les pasteurs de l’Église n’étaient-ils pas les premiers à défendre la cité, en montant courageusement au créneau, en affrontant de face les envahisseurs, cela pour sauver la vie de leur peuple ?
Où sont-ils donc, ces audacieux, courageux pasteurs d’aujourd’hui, dignes de leurs frères aînés ? Qui n’ont pas peur de monter au créneau, de prendre des risques, de se tenir en premières lignes ?
Devant Jésus le Seigneur, et ses anges, et ses saints, n’auront-ils donc pas à rendre compte de la vie de ceux qui leur étaient confiés ? Surtout des plus vulnérables, des plus faibles, des plus petits ? L’Église est-elle encore l’Église des pauvres ?
Nous supplions le Père de nous donner de ces grands bergers qui pourront entraîner tout leur peuple sur la voie de la résistance à ce nouveau totalitarisme, à cette nouvelle idéologie, non moins destructrice de l’humanité qui est en nous, que le nazisme et le communisme.
Que le lâche silence de certains pasteurs de ces sombres époques ne puisse aujourd’hui être imputé à nos pasteurs, quelle que soit leur confession chrétienne.
Aujourd’hui, n’est-ce pas leur devoir premier, leur ministère essentiel,, de sauver ce qui reste encore d’humanité, de s’opposer de toutes leurs forces à tout ce qui peut détruire le plus fantastique des dons de Dieu : la vie ! De protéger le plus faible, le plus vulnérable, le plus pauvre, le plus « Dieu-parmi-nous » ?
Oui, devant le mal, ne pas nous désister, mais résister ! Devant le faible maltraité, ne pas faiblir ! Ne jamais lâcher le plus vulnérable : lutter sans relâche !
Tout au long de l’Histoire, n’a-t-on pas entendu retentir de grandes voix rugissant contre les différents totalitarismes ? Et ces totalitarismes n’ont-ils pas fini par s’écrouler, grâce au sang des témoins refusant de flirter avec l’idéologie mortifère, cela jusqu’à la torture et au sang versé ?
Qu’ils soient bénis, ces audacieux pasteurs, dignes de leurs frères aînés ! Qui n’ont pas peur de monter courageusement au créneau, de prendre des risques, de se tenir en premières lignes.
Les paroles fortes de Jean Paul II aux évêques de Bosnie, à Sarajevo (le voyage de tous les courages !), ce 13 avril 1997, ne nous sont-elles pas aussi adressées :
« Ne vous découragez pas de lever une voix prophétique pour dénoncer les violences, démasquer les injustices, appeler par son nom ce qui est mal, défendre avec des moyens légitimes les communautés qui vous sont confiées ! »
Ne peut-on appliquer aux maffieux pornocrates — jouant avec le Sida —, surtout aux pornotrafiquants d’enfants, aux tortionnaires d’enfants, aux meurtriers d’enfants, ce cri de Jean Paul II à Palerme (Sicile), en 1995 :
« Au nom du Christ, je me tourne vers les responsables [de la maffia] : convertissez-vous ! Parce qu’un jour pèsera sur vous le jugement de Dieu ! Ceux qui sont tachés de sang humain en répondront à la Justice de Dieu. »
Et s’adressant à tous, donc à nous :
« Levez-vous ! Revêtez la lumière et la justice ! Pas de place pour la lâcheté et l’inertie ! »
Et encore, au million et demi de jeunes, à la JMJ de Czestochowa :
« Soyez des lutteurs, comme ceux qui ont témoigné à l’Est jusqu’au martyre ! Voici venue votre heure ! »

P. Daniel-Ange

© France Catholique

6 décembre 2013

Texte de réflexion sur le couple chrétien (ZENIT.org)

"La collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde"
Lecture suivie du document

CITE DU VATICAN, Samedi 31 juillet 2004 (ZENIT.org) – "La collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde" fait l’objet d’une lettre de la congrégation pour la Doctrine de la foi aux évêques de l’Eglise catholique, publiée ce matin. Elle se trouve dans la page web de Zenit à l'adresse: http://www.zenit.org/french/visualizza.phtml?sid=57645.

Cette lettre est d’ores et déjà disponible en six langues, en italien, français, anglais, allemand, espagnol et portugais, dans l’édition de la Librairie éditrice vaticane (http://www.libreriaeditricevaticana.com/ - 00120 Cité du Vatican – Europe).

Le document est signé par le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi et par le secrétaire de ce dicastère, Mgr Angelo Amato, sdb, et il est en date du 31 mai 2004, fête de la Visitation de la Vierge Marie. Le pape Jean-Paul II a approuvé ce document au cours d’une audience accordée au cardinal préfet et il en a "ordonné la publication".

Ce fascicule de poche compte une quarantaine de pages, 17 paragraphes, une introduction, une conclusion et quatre titres : "Le problème", "Les données fondamentales de l’anthropologie biblique", "L’actualité des valeurs féminines dans la vie de la société", "L’actualité des valeurs féminines dans la vie de l’Eglise".

L’introduction explique : "Après une brève présentation, et une évaluation critique de certaines conceptions anthropologiques contemporaines, le présent document entend proposer des réflexions inspirées par les données doctrinales de l’anthropologie biblique – indispensables pour protéger l’identité de la personne humaine – sur certains présupposés d’une conception correcte de la collaboration active de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde, dans la reconnaissance de leurs différences".

"Le problème" (ch. 1) montre une troisième voie entre "subordination de la femme" ou "occultation de la différence" sexuelle. "L’Eglise, éclairée par la foi en Jésus-Christ, parle plutôt d’une collaboration active entre l’homme et la femme, précisément dans la reconnaissance de leur différence".

L’humanité comme réalité relationnelle."Les données fondamentales de l’anthropologie biblique" (ch. 2) examine, à la suite des enseignements de Jean-Paul II, les premiers chapitres de la Genèse et en conclut : "L’humanité est décrite comme articulée, dès son point de départ, par la relation entre le masculin et le féminin" (5). Selon le second récit de la création, explique le document, "Adam fait l’expérience d’une solitude que la présence des animaux ne réussit pas à combler" : "Il lui faut une aide qui lui corresponde. Le mot ne désigne pas ici un rôle de subalterne, mais une aide vitale. Le but en effet est de permettre que la vie d’Adam ne se perde pas dans la seule relation à soi-même ; stérile et en fin de compte porteuse de mort. Il est nécessaire qu’il entre en relation avec un être qui soit à sa hauteur. Seule la femme, créée de la même "chair" et enveloppée du même mystère, donne à la vie de l’homme un avenir" (6).

"La création de la femme par Dieu caractérise l’humanité comme réalité relationnelle", précise le document, et "la différence vitale est ordonnée vers la communion" (ibid.). C’est un "aspect fondamental de la ressemblance avec la Sainte Trinité dont les Personnes, avec l’avènement du Christ, révèlent qu’elles sont dans une communion d’amour les unes envers les autres" (ibid.).

L’égalité, le respect et l’amour perdus.Implicitement, le texte biblique affirme aussi la "différence essentielle qui existe entre Dieu et l’humanité" (7), une différence "mise en question" sous la "suggestion du Serpent".

"Le récit de la Genèse établit ainsi, analyse le document, une relation de cause à effet entre les deux différences : quand l’humanité considère Dieu comme son ennemi, la relation de l’homme et de la femme est pervertie. Quand cette dernière relation est détériorée, l’accès au visage de Dieu risque à son tour d’être compromis" (ibid.).

Mais le document s’arrête aussi à un texte clef, celui des paroles adressées par Dieu à la femme dans ce récit biblique, "suite au péché" : elles manifestent "de manière lapidaire mais non moins éloquente le mode de rapports qui va désormais s’instaurer entre l’homme et la femme" : "une relation dans laquelle l’amour sera souvent dénaturé en pure recherche de soi, (…) qui ignore l’amour et qui le tue, le remplaçant par le joug de la domination d’un sexe sur l’autre" (ibid.).

Et d’ajouter : "Situation tragique où se perdent l’égalité, le respect et l’amour qu’exige, selon le dessein originel de Dieu, la relation entre l’homme et la femme" (ibid.).

En résumé, le document lit dans les premiers chapitres de la Bible l’affirmation du "caractère personnel de l’être humain", "l’importance et la signification de la différence des sexes en tant que réalité profonde inscrite dans l’homme et dans la femme", "non seulement sur la plan physique, mais aussi sur le plan psychologique et spirituel", comme "une composante fondamentale de la personnalité" (8).

Ainsi, explique le document "la dimension anthropologique de la sexualité" se révèle "inséparable de sa dimension théologique" (ibid.). La "relation avec un autre que soi" qui caractérise la personne se révèle "à la fois bonne et altérée" et a donc "besoin d’être guérie", en d’autre terme, il faut "rompre avec cette logique du péché", l’éliminer "du cœur de l’homme pécheur". C’est toute l’histoire du salut, de l’alliance de Dieu avec son peuple.

L’histoire du salut.
"Une première victoire sur le mal est représentée par l’histoire de Noé", continue le document, puis "l’espérance du salut" se confirme dans l’alliance de Dieu avec Abraham : "Dieu commence à révéler son visage pour qu’à travers le Peuple élu, l’humanité apprenne la voie de la ressemblance divine, c’est-à-dire de la sainteté, et donc de la transformation du cœur" (9).

Or, "parmi les multiples manières par lesquelles Dieu se révèle à son Peuple, avec une longue et patiente pédagogie, on trouve aussi la référence constante au thème de l’alliance de l’homme et de la femme (…). Ce symbolisme semble indispensable pour comprendre la manière dont Dieu aime son Peuple. Dieu se fait connaître comme l’Epoux qui aime Israël, son Epouse" (ibid.).

Mais "toutes les préfigurations" contenues dans la Loi, les Prophètes et la Sagesse "trouvent leur accomplissement dans le Nouveau Testament" : "L’amour de l’homme et de la femme, vécu de façon baptismale, devient désormais sacrement de l’amour du Christ et de l’Eglise, témoignage rendu au mystère de fidélité et d’unité dont naît la "nouvelle Eve" et dont cette dernière vit au cours de son chemin sur la terre, dans l’attente de la plénitude des noces éternelle" (10).

Ainsi, le document affirme l’espérance chrétienne sur le couple : "en vertu de la Résurrection, la victoire de la fidélité sur les faiblesses, sur les blessures reçues et sur les péchés du couple, est possible" , car "dans la grâce du Christ qui renouvelle le cœur, l’homme et la femme deviennent capables de se libérer du péché et de connaître la joie du don réciproque" (11).

Le chapitre 1 s’achève sur cette affirmation : "Différents depuis le début de la création et demeurant tels jusque dans l’éternité, l’homme et la femme, insérés dans le mystère pascal du Christ, ne saisissent donc plus leur différence comme un motif de discorde qu’il faut dépasser par la négation ou par le nivelage, mais comme une possibilité de collaboration qu’il faut cultiver par le respect réciproque de leur différence. A partir de là, s’ouvrent de nouvelles perspectives pour une compréhension plus profonde de la dignité de la femme et de son rôle dans la société humaine et dans l’Eglise" (12).

La promotion de la femme."La promotion de la femme au sein de la société, conclut le ch. 2, sur "L’actualité des valeurs féminines dans la vie de la société", doit donc être comprise et voulue comme une humanisation qui se réalise au moyen des valeurs redécouvertes grâce aux femmes".

"Plus concrètement, ajoute le n. 14, si les politiques sociales – concernant l’éducation, la famille, le travail, l’accès aux services, la participation à la vie civique – doivent, d’une part, combattre toute discrimination sexuelle injuste, elles doivent, d’autre part, savoir écouter les aspirations et repérer les besoins de chacun. La défense et la promotion de l’égale dignité et des valeurs personnelles communes doivent s’harmoniser avec la reconnaissance attentive de la différence et de la réciprocité, là où cela est requis par la réalisation des caractéristiques propres, masculines ou féminines" (ibid.).

"L’actualité des valeurs féminines dans la vie de l’Eglise" Le ch. 3, sur "L’actualité des valeurs féminines dans la vie de l’Eglise", insiste sur la personne et le rôle de la Vierge Marie dans l’histoire du salut et celle de l’Eglise en précisant : "Bien loin de donner à l’Eglise une identité fondée sur un modèle contingent de féminité, la référence à Marie, avec une disponibilité à l’écoute, à l’accueil, à l’humilité, à la fidélité, à la louange et à l’attente, situe l’Eglise dans la continuité de l’histoire spirituelle d’Israël. De telles attitudes deviennent en Jésus et par lui, la vocation de tout baptisé. Indépendamment des conditions, des états de vie, des vocations diverses, avec ou sans responsabilités publiques, ces attitudes déterminent un aspect essentiel de la vie chrétienne" (16).

Deux précisions importantes. D’une part, "s’il s’agit d’attitudes qui devraient être le fait de tout baptisé, il appartient de manière caractéristique à lal femme de les vivre avec une intensité particulière et avec naturel" : "les femmes ont un rôle de la plus grande importance dans la vie de l’Eglise, en rappelant ces attitudes à tous les baptisés et en contribuant de manière unique à manifester le vrai visage de l’Eglise, épouse du Christ et mère des croyants".

Et d’autre part, "dans cette perspective, on comprend aussi en quoi le fait que le sacerdoce ministériel soit exclusivement réservé aux hommes n’empêche en rien les femmes d’accéder au cœur de la vie chrétienne. Pour tous les chrétiens, elles sont appelées à être des modèles et des témoins irremplaçables de la manière dont l’Epouse répond par l’amour à l’amour de son Epoux" (ibid.).

La paix et l’émerveillement du jardin de la résurrection.
"En Jésus-Christ, conclut le document, toutes les choses deviennent nouvelles. Toutefois, le renouvellement pas la grâce n’est pas possible sans la conversion des cœurs. Il s’agit, en regardant Jésus et en le confessant comme Seigneur, de reconnaître la voie de l’amour vainqueur du péché, qu’il propose à ses disciples" (17).

"Ainsi, précisent les auteurs, la relation de l’homme avec la femme se transforme ; et la triple convoitise dont parle la première lettre de saint Jean cf. 2, 16) cesse de l’emporter. Il s’agit d’accueillir le témoignage donné par la vie des femmes comme une révélation de valeurs sans lesquelles l’humanité se fermerait sur elle-même dans l’autosuffisance, dans des rêves de pouvoir et dans le piège de la violence" (ibid.).

En somme, "c’est de la conversion de l’humanité à Dieu qu’il s’agit, de sorte que l’homme comme la femme connaissent Dieu comme leur "secours", comme le Créateur plein de tendresse, comme le Rédempteur" (ibid.).

Le document s’achève sur cette affirmation d’espérance : "L’Eglise sait la force du péché qui travaille les individus et les sociétés, et qui, quelquefois, pourrait faire désespérer de la bonté du couple. Mais par sa foi au Christ, crucifié et ressuscité, elle sait plus encore la force du pardon et du don de soi en dépit de toute blessure et de toute injustice. La paix et l’émerveillement qu’elle indique avec confiance aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui sont la paix et l’émerveillement du jardin de la résurrection, qui a illuminé notre monde et toute son histoire en révélant que "Dieu est amour" (1 Jn 4, 8.16)" (ibid.).

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5 décembre 2013

Sexualité et sainteté


Jean-Paul II et la sexualité – Yves Semen
Abbaye cistercienne Sainte Marie de Boulaur

 
Jean-Paul II : le sexe sans tabou

Une révolution en matière de sexualité ! C’est ce qu’a réalisé Jean-Paul II en distillant un enseignement nouveau pendant plus de 4 ans, lors de ses catéchèses du mercredi consacrées à l’amour humain dans le plan divin. Au cours de la dernière audience, le 28 novembre 1984, il révèle son intention première et donne le titre de tous ces enseignements : "Théologie du corps"... qui ne remplit pas moins de 4 volumes, aujourd’hui encore méconnus et peu étudiés. Yves Semen vient combler cette lacune ! Il en propose les points essentiels dans son ouvrage "La sexualité selon Jean-Paul II", accessible à tout public.
 

Interview.
 

Jean-Paul II a développé toute une catéchèse sur l’amour humain. En quoi son approche de la sexualité est-elle nouvelle ?

Jusqu’à Jean-Paul II, l’enseignement traditionnel de l’Église sur la sexualité et son usage dans le mariage partait principalement des fins " naturelles " de l’union des sexes, à savoir la procréation, l’éducation des enfants et le secours mutuel que devaient s’apporter les époux. Autrement dit, partant de l’homme comme " animal raisonnable ", on considérait la sexualité humaine à partir de la sexualité animale et on en faisait une sorte de sublimation culturelle, du fait que l’homme était appelé à dominer l’instinct sexuel par la raison. Ce n’est pas faux, mais c’est très insuffisant pour parler du mariage comme d’une vocation.

Jean-Paul II nous invite à considérer la sexualité humaine d’un point de vue complètement différent, à partir de la vocation des personnes à la communion, sur le modèle de la communion des personnes divines. Aux origines, dans le plan de Dieu, les époux étaient appelés par leur sexualité à se faire don total de leurs personnes dans une communion des âmes, des cœurs et des corps, et devenir ainsi une icône vivante de la communion des personnes divines dans la Trinité. Ils étaient image de Dieu, non seulement par leur âme spirituelle, mais également par leur capacité de communion exprimée sexuellement par le don des corps. Le Saint Père souligne par ailleurs que le don sexuel des époux, vécu véritablement comme don, est une œuvre de sainteté : la sainteté propre aux époux, en vertu de leur vocation dans le mariage.

C’est pourquoi, en matière de sexualité, Jean-Paul II propose une vraie révolution, au sens étymologique, c’est-à-dire un renversement de perspective. On a connu la "révolution copernicienne " en astronomie, je suis convaincu que l’on ne tardera pas à parler de " révolution wojtylienne " en matière sexuelle ! L’enseignement de Jean-Paul II dans sa théologie du corps constitue ainsi un apport décisif qui place l’Église à la pointe du discours actuel sur l’Homme et atteste en plénitude de son expertise en humanité.  

 

D’où vient alors ce tabou du sexe chez les cathos ?

C’est une légende, mais qui est tenace. Ainsi que l’explique le cardinal Lustiger, elle provient de ce qu’on confond le christianisme avec le puritanisme anglo-saxon. Et il ajoutait que ce mensonge ne pourrait durer éternellement. Il faut le souhaiter, et la théologie du corps de Jean-Paul II, lorsqu’elle sera mieux connue, devrait y aider. En tout cas, telle n’était pas la réputation des chrétiens dans les premiers temps de l’Église. Un philosophe comme Celse, au 1er siècle, désignait ainsi les chrétiens de manière péjorative comme " le peuple qui aime le corps " !

Si l’Église est " experte en humanité " selon la belle expression de Paul VI, c’est peut-être d’abord et surtout sur la question du corps et de la sexualité. L’Église s’est toujours battue contre toutes les déviations qui menaient à un mépris du corps : manichéisme, arianisme, catharisme, jansénisme... Elle célèbre le corps et le tient dans une grande estime, comme signe de la vocation de la personne au don d’elle-même.

Ce que l’on reproche surtout à l’Église, c’est d’avoir semblé se focaliser de manière excessive sur les péchés d’ordre sexuel. Mais c’est précisément parce que l’Église a toujours eu le sentiment d’être dépositaire d’une grande vérité sur le sens du corps humain et de la sexualité qu’elle a été portée à être vigilante sur ce point -au risque parfois de l’excès-, à l’égard de ce qui pouvait détourner l’homme de la perception du sens et de la vocation de son corps.
 

L’Eglise affirme ainsi sa foi en la résurrection de la chair...

Précisément. Nous devons nous rappeler que nous ne disons pas dans le Credo " je crois à l’immortalité de l’âme ". D’ailleurs, pour croire à l’immortalité de l’âme, il n’est pas besoin de la foi : une bonne philosophie y suffit !

Nous disons " je crois à la résurrection de la chair ", c’est-à-dire à la transfiguration de nos corps à la fin des temps, (ou n’est-ce pas plutôt ici et maintenant-Robert) en corps glorieux semblables à celui du Christ ressuscité.

C’est cet état final de nos corps que nous attendons et que nous espérons par delà la mort. Comment mépriser le corps dans ces conditions ? Ce serait un non-sens.

 

Quelle définition donneriez-vous à l’amour conjugal ?

Celle que donne Jean-Paul II ! L’amour conjugal, soutenu par la grâce sacramentelle du mariage, est une des voies de réalisation plénière de la personne par le don d’elle-même.

Le Concile de Vatican II affirme dans une constitution de Gaudium et spes que l’homme ne peut se réaliser pleinement que dans le don sincère de lui-même.

Le don sincère de soi-même, c’est-à-dire le don total et sans réserve, n’est-ce pas finalement l’autre nom de la sainteté ? A côté de la virginité consacrée, le mariage est ainsi réellement, par et dans l’exercice d’une sexualité de don, une voie de sainteté à part entière.

Article paru sur Christicity

4 décembre 2013

Texte sur la sainteté par Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus


"Vous le savez, ma mère, j'ai toujours désiré d'être une sainte; mais hélas! J'ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu'il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants.

Au lieu de me décourager, je me suis dit: le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables; je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté. Me grandir, c'est impossible; je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections. Mais je veux chercher le moyen d'aller au ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie nouvelle. Nous sommes dans un siècle d'inventions; maintenant, ce n'est plus la peine de gravir les marches d'un escalier; chez les riches, un ascenseur le remplace avantageusement. Moi, je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m'élever(1) jusqu'à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection.

Alors, j'ai recherché dans les livres saints l'indication de l'ascenseur, objet de mon désir; et j'ai lu ces mots sortis de la bouche de la sagesse éternelle: Si quelqu'un est tout petit, qu'il vienne à moi! (PR 9,4). Alors, je suis venue, devinant que j'avais trouvé ce que je cherchais. Et voulant savoir, ô mon Dieu, ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel, j'ai continué mes recherches et voici ce que j'ai trouvé: Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai; je vous porterai sur mon sein, je vous balancerai sur mes genoux (Is 66,13).

Ah! Jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses ne sont venues réjouir mon âme; l'ascenseur qui doit m'élever jusqu'au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus. Pour cela, je n'ai pas besoin de grandir; au contraire, il faut que je reste petite. Que je le devienne de plus en plus.

Ô mon Dieu, vous avez dépassé mon attente! Je veux chanter vos miséricordes!"

2 décembre 2013

La beauté humaine par Jean Vanier

Je vous partage ce merveilleux texte de Jean Vanier,
son testament spirituel en quelque sorte.
C'est d'une simplicité et d'une finesse déconcertante.






Source: http://www.smrdc.org:80/~gj/pra_0112.jpg

30 novembre 2013

Athéisme et vie spirituelle par Michel Rondet

"On a appris aux chrétiens à se méfier des illusions spirituelles"
La réponse de Michel Rondet au livre d'André Comte-Sponville

Dans son livre André Comte-Sponville parle du « sentiment océanique » éprouvé dans un moment de grande joie… Une véritable expérience « spirituelle »
Oui, c’est une expérience connue. La dernière entrevue de sainte Monique et de saint Augustin est placée sous le signe de ce « sentiment océanique ». Ils rentent tous les deux en Afrique et s’arrêtent à Ostie sur la plage et ils ont une expérience mystique de la beauté de Dieu, de la grandeur.

Mais André Comte-Sponville ne met pas Dieu derrière cette expérience spirituelle
Ce qu’il décrit ressemble plus à une sagesse qu’à une spiritualité. C’est la réflexion d’un homme honnête et généreux, soucieux des autres qui décrit une vie spirituelle qui pourrait être celle d’un stoïcien ou d’un épicurien spirituel, ouvert et intellectuel. C’est bien… Les chrétiens, eux, prétendent rencontrer une altérité qui les ouvre sur les autres, ce qui n’est pas présent chez lui. Le malheur du monde n’affleure pas beaucoup dans son livre. On n'y trouve pas la compassion, la supplication, l’imploration. Rien qui puisse s’apparenter à la prière. Or l’expérience spirituelle c’est une rencontre avec une réalité qui ne se rejoint que par la prière. Alors, l’expérience qu’il relate est intéressante dans une époque de matérialisme. C’est un effort pour chercher une sagesse humaine qui rende compte de la nature spirituelle de l’homme. Un chrétien dira que c’est une expérience qui s’arrête en route. Mais sans aucun mépris ou de sentiment de supériorité.

Vous semblez dire qu’il manque quelque chose dans cette expérience

Chez beaucoup d’humanistes contemporains il y a une expérience du tragique qui manque. Il leur manque un événement qui pose de façon radicale la question de la condition humaine.
Ce que Soljenitsyne appelait les « ascèses de l’histoire » : le camps, la guerre, la maladie… La rencontre de l’altérité fonde le sens de ma vie. Alors Dieu n’est pas une réponse à nos manques, à nos déficits, Dieu est de l’ordre de la gratuité, c’est un surcroît d’amour, de vie. Mais je pense que pour être ouvert à cette rencontre, il faut avoir été un peu chahuté dans son existence humaine. Etty Hillesum tombe à genoux dans sa salle de bains. Elle aurait pu en rester aussi à une sagesse, mais elle a été conduite plus loin.

C’est quoi alors la vie spirituelle ?

Etymologiquement, c’est la rencontre de notre esprit avec le Saint Esprit ! C’est quand la « fine pointe de l’âme » dont parle les mystiques rencontre l’Esprit de Dieu. Une rencontre qui épanouit l’humain sans le détruire. De l’ordre du cantique des Cantiques.

Beaucoup ne font pas cette rencontre. Pourquoi ?

On est très préoccupé par le divertissement. Parce qu’aussi il y a eu en Occident dès la fin du XVII siècle un courant anti-mystique. On a appris aux chrétiens à se méfier des illusions spirituelles. Et à s'en tenir au catéchisme et à la morale. Des chrétiens ont été mutilés dans leur dimension spirituelle et ramenés à un moralisme chrétien. On a exilé la spiritualité dans les couvents. Si vous lisez le dernier ouvrage de saint Jean de la Croix, « La Vive flamme », il est très optimiste sur les possibilités spirituelles de l’être humain. L’union vraie, continuelle avec Dieu, dès cette vie, est possible. Il faut que l’Eglise soit plus accueillante à cette dimension mystique de la vie chrétienne. On a dit aux chrétien qu’il fallait agir, s’occuper de ses frères, c’est vrai mais il faut aller plus loin. Vivre un véritable amour des autres conduit à un oubli et une dépossession de soi qui est un appel à la vie mystique. Il y a des gens très humbles, qui, affrontés à une vie difficile vivent sous le regard de Dieu sans savoir le dire…Chez les mystiques il y a la grâce d’accueillir, de vivre et puis chez un certain nombre, la grâce de le dire. Thérèse, Jean de la Croix…ont eu ce besoin intérieur de dire ce qu’ils vivaient.

Aujourd’hui, comment définiriez-vous votre vie spirituelle ?
Je peux dire que j’ai une dévotion moins ressentie qu’à d’autres époques, mais je me sens plus qu’avant sous le regard de Dieu. Il y a toute une histoire entre moi et Dieu, qui a eu ses pesanteurs et ses grâces, comme ces vieux couples qui ne se parlent plus beaucoup mais qui ont une tendresse et un expérience qui a grandi avec l’âge. C’est une grâce du grand âge de pouvoir éprouver cela.

(recueillis par Sophie de Villeneuve)

28 novembre 2013

Femmes dans l'Eglise du Christ par Marie-Jo Thiel

Marie-Jo Thiel, professeure d’éthique et de théologie morale à l’Université Marc Bloch de Strasbourg (1), a été invitée à s’exprimer, le 29 novembre 2005, en la cathédrale de la capitale alsacienne – et dans le cadre des conférences de l’Avent – sur le thème "Femmes dans l’Église du Christ". Cette conférence a été publiée dans "La documentation catholique" du 19 novembre 2006 (DC 2006, n° 2368, p. 1015-1023). "Théologia.fr" met cette conférence en ligne avec l'autorisation de "La documentation catholique" et et de Marie-Jo Thiel.

Quand Mgr J. Doré m’a demandé de parler des femmes dans l’Église, j’ai commencé par décliner l’invitation. Ne rencontre-t-on pas dans l’Église les mêmes discriminations, les mêmes enjeux de pouvoir que ceux qui ont cours dans la société ? Et cela depuis les origines ? "Nous avons malheureusement, reconnaissait Jean-Paul II, hérité d’une histoire de très forts conditionnements qui en tout temps et en tout lieu ont rendu difficile le chemin de la femme, fait méconnaître sa dignité, dénaturé ses prérogatives, l’ont souvent marginalisée et même réduite en esclavage. Tout cela l’a empêchée d’être elle-même et a privé l’humanité d’authentiques richesses spirituellesé (2).
Si l’Église n’a jamais affirmé que les femmes n’avaient pas d’âme, le bêtisier reste immense. "La femme est quelque chose de défectueux" (3) écrit par exemple Thomas d’Aquin. Son rôle est d’autant plus passif que le rôle de l’ovocyte est méconnu jusqu’au XIXe siècle. Dotée d’une moindre musculature, la femme est ainsi considérée dans presque toutes les sociétés et religions, comme "naturellement", en son "essence", subordonnée à l’homme, prédisposée à certains rôles et pas à d’autres.
Aujourd’hui (4), l’on a pris conscience des dérives de ce "naturalisme" et des écueils de l’idée d’"essence féminine" ; des femmes ont osé se lever pour dénoncer d’intolérables discriminations, mais la cause qu’elles défendent fait peur. L’enjeu est constamment une question de pouvoir de quelque bord que l’on se trouve. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi soulignait il y a un an : "Aux abus de pouvoir, [la femme] répond par une stratégie de recherche de pouvoir" (5). Et de reprocher aux femmes de devenir des "rivales" de l’homme. Évaluant l’impact de la loi sur la parité en France, Laurence Rossignol et Lucile Schmid constatent que depuis cette loi "Dans les partis [politiques], le rapport au pouvoir s’est crispé", "les hommes [toujours] dirigent, organisent, décident, les femmes s’occupent du lien social, elles ont la responsabilité des domaines où l’on soigne les plaies humaines" (6). Pourquoi cette crispation ? Parce que, note Geneviève Fraisse, "le démocrate a peur, dès la Révolution française, lorsqu’il imagine que l’identité des hommes, leur similitude, ne peut, sans dommages, s’appliquer aux femmes" (7).
Les femmes ne font pourtant pas la révolution. D’abord parce que, note Pierre Bourdieu, la domination que les femmes subissent, est tellement ancrée dans les mentalités que les femmes contribuent elles-mêmes, inconsciemment, au jeu de cette domination. Ensuite, reconnaissons-le aussi, il est plus confortable de se dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Certes, les femmes ont sans doute su depuis toujours, dans une conscience plus ou moins claire, qu’elles étaient reléguées dans une situation d’infériorité. Mais n’est-ce pas humiliant de reconnaître cela ? N’est-il pas plus facile et plus gratifiant de penser que ce n’est là qu’un problème pour quelques autres, que l’on est soi-même au-dessus de toute discrimination, que l’on a réussi à être suffisamment forte, attractive, déterminée… pour dépasser cela ? Toute discrimination traîne avec elle une image de "faute", comme si l’on était responsable de cette situation de par son corps, son identité, sa culture, ou parce que l’on ne s’est pas montré suffisamment "à la hauteur"…

Certes, il y a déjà eu beaucoup de progrès parce que des femmes ont osé dénoncer l’injustifiable et que d’autres les ont entendues et que l’on a pu se justifier, chiffres à l’appui. Car pour être entendu sans être aussitôt ridiculisé, il faut légitimer son dire du côté de l’objectivation scientifique, il faut se légitimer. Et pour avoir le courage de se lever alors que souvent les chiffres pourraient parler tout seul, il faut que les violences de la discrimination n’aient plus d’autre mode de manifestation que le cri. N’est-ce pas Sohane brûlée vive pour ne pas s’être pliée aux normes de la cité, ou Samira Bellil victime de tournantes qui poussent à la création du mouvement "Ni Putes Ni Soumises" (8) ?
Ainsi quand Mgr Doré m’a proposé de parler des femmes dans l’Église du Christ, je me suis dit : C’est vraiment trop compliqué ! trop délicat ! Car s’il est évident que le Christ a confié aux femmes une responsabilité inouïe dont nous commençons peut-être seulement à prendre toute la mesure, l’Église, Jean-Paul II et bien d’autres l’ont rappelé, a également baigné dans le climat ambiant. Mais pouvais-je me taire ? Au regard de la réalité sociale, n’aurais-je pas fait le jeu de la violence insidieuse et d’autant plus odieuse ? Pourtant que dire sans verser dans la jérémiade ni cautionner l’intolérable ? Au regard du trésor évangélique, n’aurais-je pas mis sous le boisseau la lumière de la Bonne Nouvelle du Christ qui a osé miser sur les femmes au point de leur confier les termes essentiels de sa révélation : l’annonce de la naissance du Sauveur à Marie, une fille de chez nous ; le premier témoignage de la résurrection à une femme qui "a beaucoup aimé"…
Forte de ce trésor, l’Église a apporté une large contribution à la reconnaissance de la dignité des femmes au cours de l’histoire. Elle a refusé dès l’origine leur appropriation par les hommes, les mariages arrangés, insistant sur le libre consentement des femmes, quelle que soit leur classe sociale. À celles qui voulaient s’affranchir de leurs familles, elle a offert la vie religieuse, une manière d’acquérir la liberté en des époques où le destin féminin consistait à se marier. Et elle a reconnu officiellement le mérite de bien de ces femmes, allant jusqu’à proclamer certaines comme Thérèse de Lisieux, "docteurs de l’Église", et d’autres, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Thérèse-Bénédicte de la Croix (c'est-à-dire Edith Stein) copatronnes de l’Europe (1er octobre 1994). Et comment ne pas nommer également Mère Teresa de Calcutta qui a bouleversé le monde entier par ses actes de charité ou d’autres femmes encore qui ne seront sans doute jamais canonisées, mais qui, à l’instar d’une Madeleine Delbrel, ont essayé de vivre de cette foi avec le meilleur d’elles-mêmes.
Pourtant, même dans l’Église, le malaise demeure aujourd’hui. Le rapport de Mme Rosemary Zapfl-Helbing à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Doc 10670 rév., 22 sept. 2005), note que "La plupart des femmes sont affectées d’une manière ou d’une autre par la position des différentes religions à l’égard des femmes". Et de souligner que les monothéismes en Europe ne sont pas vraiment favorables à l’égalité des sexes. Plus exactement, si Dieu a créé des hommes et des femmes égaux en dignité, chaque sexe se voit attribué par Dieu ou en son nom, des responsabilités spécifiques et non interchangeables. Ce qui, continue le rapport, a conduit à des traitements discriminatoires, les femmes étant sommées de "rester à leur place", celle que l’allemand résume avec les 3 K : Kinder, Küche, Kirche (enfants, cuisine, Église).

C’est aussi l’image qu’a laissée le rassemblement des différentes religions de Sant’Egidio à Lyon en ce même mois de septembre. Rencontre ô combien louable dont le but était de proclamer envers et contre tout "le courage d’un humanisme de paix". Pourtant les photos parues dans la presse n’offraient que des visages masculins. Aucun visage de femme sur ces images de responsables religieux exhortant à s’ouvrir à "l’autre"… À telle enseigne que des courriers de lecteurs (9) ou des chroniqueurs, tel Régis Debray (10), se sont saisis de la question, ou plutôt de ce paradoxe. Car il y a bien là paradoxe : le Christ confie une responsabilité inouïe aux femmes. Et l’Église primitive la met en œuvre dans une communauté où hommes et femmes prient ensemble, d’un seul cœur, égaux devant Dieu. Mais apparaissent, assez vite, les premières tensions comme s’il fallait accommoder l’Évangile aux cultures androcentriques (c’est-à-dire centrées autour de l’élément masculin)… Dans les écrits patristiques, on trouve ainsi le meilleur et du moins bon… Pourtant, même si les cultures s’invitent ainsi à l’interprétation, le pouvoir de l’Écriture reste précisément un pouvoir de critique et de suscitation :
– de critique de ce qui n’est pas conforme au Christ, centre des Écritures,
– de suscitation, car la méditation des Écritures conduit à se laisser travailler de l’intérieur par l’Esprit de liberté, quand bien même un tel travail demande du temps.
Essayons donc dans un premier temps de cerner quelques évolutions récentes autour du rôle de la femme dans l’Église, puis laissons précisément l’Écriture nous interpeller : d’abord à partir de la création en Genèse 1-3, puis des récits mettant en jeu des femmes dans la nouvelle Alliance.

Évolutions récentes autour du rôle de la femme dans l’Église

La conférence de ce soir, dans cette cathédrale de Strasbourg, était-elle possible il y a quelques années ? Ce n’est pas sûr ! Beaucoup de réalités concernant la femme sont en train d’évoluer, peut-être faut-il dire de "germer" car leur visibilité à l’extérieur de l’Église reste encore peu perçue. Néanmoins, l’Église bouge ! Et c’est peut-être par le biais de la formation, y compris théologique que se laissent voir à la fois de belles nouvelles pousses et encore des problèmes de terrain qui, paradoxalement, en deviennent plus visibles !
La théologie universitaire par exemple. Il s’agit d’une évolution profonde datant des années 1950 aux États-Unis, et 1970 pour la France. Quand j’ai été nommée professeure à Strasbourg en 1999, les étudiants africains ont, en début d’année, interrogé mes collègues pour leur demander si la femme que j’étais, était vraiment professeure, si l’évêque du lieu avait vraiment donné son accord pour ma nomination. "Mais, me demanda l’un deux, est-ce qu’on n’a pas eu peur de nommer une femme professeure de théologie morale ?". Incontestablement l’image de la femme théologienne, enseignant même à des prêtres, travaillant en collégialité avec ses pairs, engagée dans la recherche et débattant en public, fait rupture avec l’idée que la femme n’aurait pas le droit d’enseigner. Et pour les étudiants européens, cela relève aujourd’hui de l’évidence. L’enracinement académique ne peut donc que modifier, peu à peu, en profondeur, la conception de la théologie autant que la structuration ecclésiale partie prenante de cet enseignement et de cette recherche théologiques.
En faculté de théologie catholique, sur la trentaine d’enseignants-chercheurs que nous sommes à Strasbourg, il y a aujourd’hui 6 femmes (11). En théologie protestante, sur 22 enseignants, il y a 3 femmes. Ces chiffres ne sont certes pas très importants, mais néanmoins significatifs car nous sommes partis de zéro. Et l’accès des femmes aux grades universitaires supérieurs passe par une compétition où à l’exigence de formation universitaire, se superposent les enjeux de pouvoirs inhérents à ces postes.

Qui sont les étudiants de théologie catholique ? Il y a là des séminaristes, des clercs, des religieux, des religieuses, mais surtout beaucoup de laïcs. Et plus de la moitié, voire les trois-quarts selon les groupes, sont des femmes ; beaucoup sont déjà engagées pastoralement et cherchent une formation non trouvée ailleurs. Serait-ce à dire que l’université est un nouveau lieu, un lieu aux exigences intellectuelles fortes, un lieu démocratique ouvert sur l’universel, un lieu singulier aussi pour répondre aux questions de la foi ? Le phénomène est intéressant, d’autant plus qu’il concerne massivement les femmes : "Des femmes de plus en plus nombreuses, écrit Marie-Thérèse Van Lunen-Chenu (12), acquièrent une compétence théologique reconnue comme savante par les diplômes prévus à cet effet, en même temps qu’elles prennent expérience et autorité dans des charges et autorités ministérielles d’un caractère nouveau et qui débordent souvent le quadrillage ecclésiastique prévu, même si celui-ci, au fur et à mesure, s’adapte".
Et de fait, même si leur emploi en Église reste souvent précaire, ces femmes ont beaucoup innové et apporté à l’Église : elles sont aujourd’hui présentes avec leur compétence un peu partout, dans les secteurs de la santé, de la pauvreté, du social, dans les aumôneries scolaires, dans l’accompagnement de l’incroyance et de la foi… Dans son exhortation Christifideles laici en 1989, Jean-Paul II le notait : "Que l'on songe, par exemple, à la participation des femmes aux Conseils pastoraux diocésains et paroissiaux, comme également aux Synodes diocésains et aux Conciles particuliers. C'est en ce sens que les Pères du Synode ont écrit : 'Que les femmes participent à la vie de l'Église sans aucune discrimination, même pour les consultations et l'élaboration de décisions'" (13).
En 1984, 80 % des 220.000 catéchistes et animateurs de l’Église catholique recensés sont des femmes (14). Dans nos églises, 70 à 80 % de nos pratiquants réguliers sont des pratiquantes. Elles ont porté l’Église vers de nouveaux lieux de vie. Elles se sont engagées avec une grande générosité. Et d’autant plus méritoires que nos étudiantes en théologie paient souvent elles-mêmes le prix de leur formation : elles mènent fréquemment de front une vie de famille, un travail professionnel (ou une charge pastorale) et des études. Elles méditent ainsi le donné de la foi chrétienne jusqu’au plus profond de leur corps mis à rude contribution.
Et pourtant leur reconnaissance n’est pas acquise pour autant. Leur statut de femme les fait écarter des lieux centraux de la décision en Église, des lieux de la consultation et de l’élaboration théologique qui restent liés à la fonction sacerdotale et épiscopale. Au mieux, elles sont appelées comme expertes, c'est-à-dire à apporter une parole ponctuelle qu’elles ne peuvent cependant ni défendre ni étayer ni soumettre à la discussion puisqu’elles sont exclues de la recherche théologique normative liée à la collégialité épiscopale.
Le Synode des évêques convoqué par Benoît XVI sur le thème de l’Eucharistie et qui s’est réuni durant trois semaines en octobre, comprenait 256 Pères synodaux, 32 experts et 27 auditeurs dont 12 femmes ! Si, comme le soulignent fortement les textes du Magistère, la femme a sa manière propre d’agir "comme" le Christ, pourquoi une telle assemblée (15) ne cherche-t-elle pas à s’inscrire dans un débat où les femmes auraient toute leur place, non seulement d’auditrices ou d’expertes, mais réellement de participantes à la discussion jusque dans sa phase normative ? Ne faut-il pas se faire inventif ? Paul VI a remis à l’ordre du jour cet "outil de la collégialité" qu’est le Synode des évêques pour l’"informer" et le "conseiller " (16). Peut-être faut-il le revoir encore ?
À la Commission théologique internationale, où pourtant la fonction sacerdotale n’est pas requise pour être membre, siège à ce jour une seule femme pour 30 membres (Hallonsten Gösta). Pourtant, Jean XXIII appelait déjà en 1963, dans son encyclique Pacem in terris (n. 41) à considérer la promotion de la femme comme un des trois signes des temps. Et Jean-Paul II reprenant à son compte les recommandations du Synode dans la même Exhortation Christifideles laici, exhorte encore : "Les femmes, qui ont déjà une place importante dans la transmission de la foi et dans l'accomplissement de services de tout genre dans la vie de l'Église, doivent être associées à la préparation des documents pastoraux et des initiatives missionnaires ; elles doivent être reconnues comme des coopératrices de la mission de l'Église dans la famille, dans la profession et dans la société civile" (17).
De fait, les femmes ont besoin de statuer aussi sur leurs propres problèmes théologico-religieux, de participer pleinement aux processus de prise de décision dans ce Peuple de Dieu dans lequel elles veulent et doivent tenir toute leur place de baptisées. Or, nombre d’entre elles ont l’impression de n’être pas entendues. Combien, quand elles ont su la thématique de cette conférence, m’ont demandé d’évoquer leur malaise, cette souffrance qui est la leur et qu’elles répugnent pourtant à mettre sur la place publique par amour de l’Église, ou par pudeur…
Ces femmes formées à la théologie savent précisément que la bonne nouvelle de l’Évangile proclame leur infinie dignité d’enfant de Dieu, que le seul et vrai pouvoir est celui de l’Amour, celui de la filialité en Christ. Elles savent de mieux en mieux resituer la tradition dans son contexte historique et culturel. Elles ont appris à entrer dans ce regard critique qui reconnaît aujourd’hui très clairement la part féminine en Dieu (18) – Dieu "est Père, souligne ainsi Jean-Paul II, plus encore il est mère" (19) – et qui non seulement permet mais incite à sortir de cet androcentrisme qui a conditionné l’herméneutique et la décision jusqu’à ces dernières décennies. Le Droit canon a ainsi pu s’appuyer jusqu’en 1971 sur une interprétation ancienne excluant la femme de l’image de Dieu (20).
Certes, aucune institution ne se délie sans résistance d’un tel ancrage culturel. Pourtant, même si la tâche est rude, il est impossible d’en rester au statu quo, de ne pas prendre en compte la difficulté à instaurer un espace d’expression de la parole des femmes, de ne pas entendre le malaise autour des ministères féminins ou la non-réception par le sensus fidei des arguments imposés sur ce sujet. La Parole de Dieu revêt à cet égard un pouvoir de discernement et de suscitation. Quand bien même, faut-il le rappeler, une graine tombée en terre ne germe que lentement. Roland J. Campiche (21) note qu’en Suisse, alors que la pleine reconnaissance du droit des femmes à exercer le ministère pastoral a été octroyée suivant les cantons entre 1947 et 1973, la proportion de femmes pasteurs est seulement de 18 %. En Alsace (22), elle est d’un peu plus de 25 %. Revenons donc à la Parole de Dieu, plus précisément d’abord aux récits de création.

Les récits de création

Dans le récit yahviste (23) (Gn 2, 4b-25), le plus ancien, Dieu crée la femme parce que dit-il, "il n’est pas bon que l’homme soit seul". C’est la première fois qu’apparaît, dans le récit de création, cette expression "il n’est pas bon" et elle surgit à propos de la relation humaine, de la solitude éprouvée par Adam. La solution ? Elle est trouvée par le Créateur : "Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie" (2, 18). Ce mot "aide" (’ezer en hébreu) a souvent été compris comme une relation de subordination. Or, ce terme est celui employé habituellement pour parler de l’action de Dieu venant au secours de l’humain. Il supposerait non une infériorité mais une certaine supériorité ! On ne peut pas aider sans en avoir le pouvoir et les moyens ! Cette aide est, cependant, "assortie" (24), c'est-à-dire ajustée à son interlocuteur. La femme que Dieu crée est donc un vis-à-vis pour l’homme, qui en devient, par là, un vis-à-vis pour elle.

Dieu avait bien créé entre temps des animaux, mais ceux-ci, insiste le texte, ne correspondent pas à une "aide assortie". Dieu crée ainsi la femme en la tirant du côté de l’homme (v. 22), de son cœur. La femme est donc bien de même nature que lui, de même dignité… Plus encore, là où lui a été modelé dans la glaise, elle est, elle, construite selon le verbe hébreu (bnh), à l’instar des tours et des fortifications, à partir d’un plan d’architecte. Certains lisent finalement ce récit de création de la femme comme une forme de culmination de la création, comme ce que Dieu a fait de mieux, de plus élaboré !
Et l’homme s’y reconnaît : "pour le coup, c’est l’os de mes os, la chair de ma chair !". Comme si Dieu avait cette fois transformé l’essai ! Et l’homme ébahi en surgit comme être de parole ! La reconnaissance de son vis-à-vis le fait s’exclamer et rendre grâces. L’expression peut paraître curieuse "os de mes os, chair de ma chair" ; en fait, elle désigne l’appartenance à une même famille, celle que constituent l’homme et la femme appelés à s’unir pour former "une seule chair". Finalement, l’être que Dieu avait modelé, ’adam, devient maintenant seulement homme masculin (’ish) lorsqu’il voit et reconnaît face à lui une femme (’isha). C’est maintenant seulement, en situation de manque et de désir de sa "moitié", qu’il se met à parler, qu’il devient lui-même, dans sa propre identité. Une manière pour le texte biblique de souligner que l’identité humaine authentique est relationnelle, sans fusion ni confusion. L’homme et la femme naissent et ne sont vraiment eux-mêmes que l’un avec l’autre, dans leur ressemblance et leur différence, l’un et l’autre dans leur relation à Dieu, aux autres vivants, au cosmos.
Et la manducation du fruit interdit en Gn 3, si elle vient casser quelque chose de cette belle harmonie n’apporte rien de plus sur cette égale dignité et cette même identité de l’homme et de la femme. Et le second récit de la création, sa version sacerdotale, cultuelle, plus récente, en Gn 1-2, 4a, confirme la version yahviste tout en apportant sa propre harmonique à la compréhension de l’histoire humaine. Ce passage insiste, en effet, sur cette image de Dieu (v. 26-28) que d’aucuns ont parfois pu dénier dans sa perfection à la femme... Or, que dit le texte ?

Après avoir créé le monde grâce à sa Parole, dans une action de séparation et de différenciation visant à instaurer un lien de juste distance, Dieu, comme dans le récit yahviste, ne procède pas pour la création de l’homme et de la femme comme il le fait pour le reste de la création. Jusqu’à présent "Dieu dit et cela fut". Pour l’être humain, Dieu se met à parler à la première personne du pluriel, comme s’ils étaient plusieurs en lui à prendre cette décision commune, "faisons", et comme si c’était à l’image de sa propre communion intérieure, divine, intime, qu’il créait l’homme et la femme. Écoutons :
"Dieu dit : 'Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance
Et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, etc.'.
Dieu créa l’homme à son image,
À l’image de Dieu il le créa,
Homme et femme, il les créa" (Gn 1, 26-27).
Il y a donc un pluriel en Dieu dans lequel l’homme et la femme peuvent se reconnaître dans leur ressemblance et leur différence. Car ce pluriel est aussi une unité. Il dit une même et commune identité d’être humain portant en lui l’image de Dieu mais sous deux modalités d’existence biologique, masculine ou féminine.

Comme dans le récit yahviste, la création de l’être humain relève donc d’une décision singulière de Dieu ! Et la différence entre l’homme et la femme ne porte que sur leur corporéité, non sur leur commune identité qui les distingue de tout le reste du créé. Elle n’implique donc pas une tâche essentielle (25) autre ni une fonction sociale radicalement (26) différente : le commandement que Dieu adresse à l’homme et à la femme est le même, celui de maîtriser la création.

L’on ne saurait de ce fait utiliser ces textes pour cautionner une différence de rôles sociaux appuyée sur une différence biologique. Dieu confie la même mission à des êtres créés à son image, égaux en dignité et en droits, mais qui, en raison de leur différence corporelle, pourront avoir deux manières différentes d’agir pour appréhender et exécuter le commandement du Seigneur, deux manières différentes d’entrer en relation avec le monde, l’autre, Dieu, le cosmos. Ainsi une femme, parce que ses périodes de fécondité sont cycliques, n’a pas le même rapport au temps et à l’espace, et finalement à son corps, son travail, qu’un homme dont la perspective à ce niveau est linéaire. Un homme, parce que son climat hormonal est très différent de celui de la femme, conduira autrement une voiture qu’une femme. Mais les deux conduisent et le code de la route est le même pour les deux !
Le texte biblique rappelle finalement avec force que la différence homme/femme n’affecte pas l’essence humaine commune aux deux. Il n’y a pas d’essence masculine ou féminine. Ce vocabulaire qui peut appuyer la discrimination, n’appartient pas au langage biblique. Les deux niveaux, être et façon d’être, ne doivent pas être confondus. Yvonne Pelle-Douelle le soulignait à sa façon en invitant à ne pas confondre vocation et destin. Le corps de la femme ne saurait être un destin la confinant aux tâches ménagères ou aux fonctions de la sexualité et de la reproduction (27). Il est le lieu d’une différence que l’homme et la femme sont invités à re-choisir en vue d’une liberté seulement humaine mais authentiquement humaine (28). Car sans différence, la nouveauté ne peut surgir, la vie s’arrête. C’est l’enfer du même qui enferme chacun dans son moi. Or, la différence des sexes est, avec la différence temporo-spatiale, la plus radicale des différences, paradigmatique de toutes les dissimilitudes entre êtres humains. Sans doute, est-ce pour cela que la fonction procréatrice lui est si intimement liée. Mais dans ce cas, et c’est tout le sens du texte biblique, les différences biologiques ne sont plus des déterminismes aveugles créant des dissimilitudes liées à l’"essence", mais des modalités au service de l’épanouissement de l’être personnel, au service de la transmission de la vie, au service de l’ajustement relationnel permanent.

Les femmes dans la nouvelle Alliance

Ce qui est ainsi inscrit au frontispice de la Bible comme une devise essentielle se heurte pourtant à la résistance des cultures ambiantes. Ainsi, en Israël, au temps de Jésus, la femme est presque totalement reléguée à la maison et dans sa famille. Elle ne peut se présenter en public si elle se veut respectable. Elle ne peut évidemment suivre un Rabbi (comme Jésus). Elle n’a aucun droit à la parole. Elle ne peut témoigner de rien, ni en aucun procès (29).
Alors quand Jésus se met à leur parler, à les accepter à sa suite, à leur confier des responsabilités jusqu’à l’annonce de la Bonne Nouvelle, jusqu’à la première proclamation de sa Résurrection, il renverse tout l’ordre social et religieux. À tel point que l’on peut dire que c’est à travers le rôle des femmes ouvertes à l’inouï de son message, que le Christ inaugure la Création nouvelle liée à sa personne. C’est à travers l’audace confiante des femmes que Jésus fait s’écrouler les murs de la méconnaissance et des inégalités pour poser les fondations d’un royaume nouveau de justice et d’amour. Certes, comme le rappelle Karl Hermann Schelkle, le célèbre exégète de Tübingen, "il n’a pas appelé de femmes dans le groupe des 12 apôtres. C’eût été tout simplement impossible, vu la mentalité d’Israël à cette époque. Mais il ne suffit pas d’en faire la constatation". Car "si les femmes ne sont pas dignes d’être instruites dans les vérités de la religion" (30), Jésus fait fi de cela et admet des femmes parmi ses disciples. Et quelle instruction ne propose-t-il pas à Marthe et Marie par exemple (Lc 10, 38-42 ; Jn 11, 20-40) ! Incroyable conversation qui conduira les sœurs à manifester le Christ comme Résurrection et Vie !

Mais toute cette histoire n’a-t-elle pas précisément été rendue possible par la foi simple et audacieuse d’une autre femme, Marie, une humble fille de Nazareth ? ! Quelle géniale idée divine de confier à une femme de chez nous la première annonce du salut : "Voici que tu enfanteras un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut…" (Lc 1, 31-32). Grâce insigne, unique, par laquelle Marie se distingue désormais de toute autre femme, de tout autre être humain, tout en demeurant de notre nature, de notre essence. Si proche de nous et si différente : pleine de grâces, associée, non comme co-rédemptrice – le Christ seul est Rédempteur –, mais par son oui bien humain à la mission du Christ, à la révélation divine. Comment ne pas voir là un clin d’œil plein d’humour car c’est en tant que femme justement que Marie, fille d’Israël, est modèle d’humanité ! C’est en tant que femme que Marie est ce qu’elle est pour nous !
Et si elle tient une place particulière, elle cristallise aussi une attitude générale de sollicitude de Jésus pour les femmes de son temps. La Samaritaine, par exemple. Quand les disciples reviennent de la ville où ils ont acheté de la nourriture, ils sont, dit l’Évangile, "surpris de le voir parler avec une femme" (Jn 4, 27). C’est que ça ne se fait pas ! Et pourtant ces mêmes disciples sont peu à peu amenés à constater que c’est par ce type de dialogue que Jésus révèle l’attente et l’accomplissement messianique et qu’il finit lui-même par déclarer qu’il est le Messie attendu. Plus encore, voilà que la femme, devant des apôtres déconcertés et perplexes, se fait apôtre pour annoncer à sa communauté : "Venez donc voir si cet homme ne serait pas le Messie". Et le récit évangélique de conclure que beaucoup crurent en Christ, d’abord à cause de la parole de la femme et, ensuite, à cause de la parole de Jésus lui-même. Cette Samaritaine qui fut médiatrice de la parole de Jésus, fut-elle à l’origine de la communauté de Samarie ? Des exégètes le suggèrent quand bien même les Actes des Apôtres n’évoqueront que le rôle d’un homme, Philippe (8, 5).
Et que dire du rôle des femmes au moment décisif, ultime de la mort-résurrection du Christ ? Ah, si ces récits avaient été inventés, jamais des femmes n’auraient été mises en scène ! Mais voilà, leur rôle a été tel qu’on n’a pas pu l’occulter. Ces témoignages, on n’a pas pu les taire sans renier le Maître lui-même. Il ne restait plus qu’à s’incliner devant ces faits d’expérience et de vécu, au risque de ne pas pouvoir compter sur leur caractère crédible dans une société androcentrique. Car les faits sont têtus. Ce sont bien des femmes qui ont été les premières à découvrir le tombeau vide. Ce sont elles, d’abord, qui rencontrent le Ressuscité et l’annoncent aux disciples timorés et découragés. Augustin le répétera : "L’Esprit Saint fit de Marie-Madeleine l’apôtre des apôtres" (31). Et Bernard de Clairvaux, évoquant les femmes au matin de Pâques, constate : "Envoyés par l’ange, elles réalisent l’œuvre d’un évangéliste. Elles deviennent les apôtres des apôtres, lorsqu’elles se hâtent tôt le matin d’annoncer le salut du Seigneur" (32).
Quand bien même le culturel reprendra le dessus, y compris sans doute pour Paul qui, à l’encontre du témoignage évangélique, "oublie" de mentionner les femmes parmi les témoins de la résurrection de Jésus (1 Co 15, 5-8), il n’en restera pas moins que les femmes seront pour toujours, tant que la Bonne Nouvelle de la Résurrection sera proclamée, des témoins privilégiés de la mort et de la résurrection du Christ, des annonciatrices du salut de Dieu.

À la Pentecôte, elles sont là, avec les Apôtres, avec Marie et les frères de Jésus (Ac 1, 14). Et Pierre, s’appuyant sur le prophète Joël (2, 28), explique qu’hommes et femmes reçoivent la plénitude de l’Esprit de la même manière en vue de la même vocation de prophète dans l’Église : "Je répandrai de mon Esprit sur toute chair… Vos fils et vos filles prophétiseront… Sur mes serviteurs et mes servantes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit et ils seront prophètes" (Ac 2, 17 s.). Jusqu’alors, l’Esprit n’avait été donné qu’à des privilégiés ; à présent, tous les humains, à l’instar de la communauté du Cénacle, reçoivent l’Esprit de Dieu. Jusqu’alors les femmes devaient rester à l’arrière-plan, à présent, elles peuvent jouer pleinement leur rôle de baptisées et occuper des postes de responsabilité dans la primitive Église.
L’on pense à Tabita (Ac 9, 36-43), la seule femme à qui Luc donne le nom de "disciple" dans les Actes. À Lydie (Ac 16, 13 s), une femme avisée, négociante en pourpre, qui exerce un pouvoir certain sur Paul lui-même. Aux 4 filles de Philippe l’Évangéliste (Ac 21, 8) qui furent des prophétesses, enseignant la Parole de Dieu dans la communauté à un moment où l’on ne connaissait pas encore les restrictions ultérieures interdisant la femme d’enseignement (cf. 1 Co 14, 34 ; 1 Tm 2, 12…). Au couple Prisca et Aquilas, que Paul appelle "ses collaborateurs en Christ" (Rm 16, 3) et qui admettent à leur école le théologien expérimenté qu’est Apollos (Ac 18, 23-28). À Phoebé, "femme diacre de l’Église de Cenchrées". Certes, le diaconat d’alors n’est pas tout à fait comparable avec sa réalité actuelle. Mais cette femme avisée est décrite comme participant au ministère du diaconat au même titre que les diacres assistant les évêques dans l’Église de Philippes (Ph 1, 1), nommés dans les lettres pastorales (1 Tm 3, 8). Plus encore, Paul lui donne par la suite le nom de « présidente » (prostatis), c'est-à-dire « celle qui se tient devant les autres » que ce soit pour les protéger ou pour les guider. D’ailleurs jusqu’au IVe siècle, des témoignages attestent que des femmes étaient établies comme diacres par l’imposition des mains et la prière de l’évêque.
Hommes et femmes étaient ainsi ensemble au service de l’Évangile et de la communauté. Et même si très vite des résistances se font jour face à une telle nouveauté, les murs de la méconnaissance et de l’inégalité entre hommes et femmes sont définitivement fissurés. Les convenances sociales et culturelles vont tenter de colmater ces larges brèches. Pourtant, jamais plus, on ne pourra revenir en arrière. Jamais, on ne pourra retirer de l’Évangile ce rôle essentiel des femmes. Ce qui est écrit, est écrit !
Aujourd’hui, l’on commence enfin à prendre toute la mesure de l’androcentrisme à travers les siècles. Ceux et celles qui le veulent, trouvent dans le message du Christ une pierre de touche pour juger de la justesse et de la fécondité de leurs relations réciproques et se mettre au travail. Car l’androcentrisme asservit non seulement les femmes, mais aussi les hommes privés de leur partenaire "assortie" comme disait le livre de la Genèse. Encore faut-il avoir l’audace de le reconnaître. Ou plutôt, l’audace de laisser l’Esprit dire à l’Épouse qu’est l’Église que nous sommes : "Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai le repas avec lui et lui avec moi" (Ap 3, 20). Quand l’homme et la femme se mettent à table avec leur Seigneur, et quand l’Église est contemplée sous le signe de l’épouse, n’entre-t-on pas progressivement mais sûrement dans un dialogue qui sait faire toute sa place à chacune et à chacun ? Et les femmes ne sont-elles pas alors images de l’Église, Épouse du Christ ?
Si nous sommes attentifs aux "signes des temps", alors, comme l’a écrit l’apôtre Paul, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, nous sommes un en Jésus-Christ (cf. Ga 3, 28).

Que retenir en conclusion ?
1) D’abord, force est de le constater, le message biblique est clair : les femmes sont invitées à occuper toute leur place, aussi bien dans la société que dans l’Église.

2) Mais, l’Église s’inscrit aussi dans les cultures. Ainsi, elle se trouve parfois en contradiction avec ces dernières au nom de l’Évangile ; bien souvent pourtant, c’est l’inverse, l’inculturation (33) prend le dessus, et l’Église s’avère peu ou prou en décalage avec le message qui l’institue…
3) Quoi qu’il en soit, il n’y a entre l’homme et la femme ni une différence d’essence, ni une similitude qui confondrait leurs rôles. Vouloir réduire la femme à l’homme ou inversement, ce n’est honorer ni l’homme ni la femme. La fécondité de la relation humaine tient d’une différence assumée dans une égale dignité humaine.
4) Enfin, reconnaissons-le, une impulsion décisive est aujourd’hui donnée au mouvement de reconnaissance pleine et entière de la femme et de la femme dans l’Église du Christ. Dans notre diocèse, une femme est membre du Conseil épiscopal, d’autres sont animatrices de zone, membres des conseils pastoraux… L’Église bouge ! Prenons-y notre place, n’ayons pas peur ! ===================================================================

Notes:
1. Professeure d’éthique et de théologie morale à l’Université Marc Bloch (Strasbourg). Qu’il me soit permis de dédicacer cette conférence à toutes celles et tous ceux qui en ont partagé la genèse.
2. Jean-Paul II, Lettre aux femmes, 1995, 3, 5 (DC 1995, n. 2121, p. 718-719).
3. Thomas d’Aquin, Somme Théologique, Ia, Q.92, a.1, s.1 : "Si nous regardons la nature dans les individus particuliers, la femme est quelque chose de défectueux, quelque chose d’avorté. Car la vertu active qui se trouve dans la semence du mâle vise à produire quelque chose qui lui soit semblable en perfection selon le sexe masculin".
4. Sur l’histoire des femmes : voir G. Duby, M. Perrot, Histoire des femmes en Occident (5 t.), Plon, 1992 ; M. Perrot, Une histoire de femmes est-elle possible ? Rivages, 1984 ; Les Femmes ou les silences de l’histoire, Flammarion, 1999 ; V. Nahum-Grappe, Le féminin, Hachette, 1996. Ch. Bard, Les femmes dans la société française au XXe siècle, Armand Colin, 2005 ; S. Tunc, Brève histoire des femmes chrétiennes, Cerf, 1989 ; E. Schüssler-Fiorenza, En mémoire d’elle, Cerf, Col. Cogitatio fidei, 1986.
5. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, "La collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde", Lettre aux évêques de l’Église catholique, publiée le 31 juillet 2004 et datée du 31 mai 2004 (DC 2004, n. 2320, p. 775-784).
6. Laurence Rossignol et Lucile Schmid, "Non, messieurs, la parité ne suffit pas", Le Monde du 21 oct. 2005.
7. Geneviève Fraisse, La controverse des sexes. Paris, Ed. PUF Quadrige, 2001, p. 11.
8. Fadela Amara, Ni Putes Ni Soumises. Ed. La Découverte / Poche Essais, Paris, 2003, 2004. L’ouvrage nous donne l’occasion de mentionner ce que nous ne pouvons développer ici : les sévices sexuels et autres, la pauvreté dans le monde mais aussi les banlieues qui touchent avant tout femmes et enfants… De nombreux textes officiels de l’ONU, du Saint-Siège… le rappellent.
9. Cf. Bruno d’Authuille (Drôme) pour La Croix, 6 octobre, p. 27.
10. Régis Debray, "Un humanisme unisexe ?", Le Monde des Religions, novembre-décembre 2005, p. 19.
11. En théologie catholique, il s’agit de 4 femmes "maîtres de conférences" et 2 professeures. En théologie protestante, 2 femmes sont "maîtres de conférences" et une professeure.
12. "Femmes, féminisme et théologie", Initiation à la pratique de la théologie, t.V, Pratique. Paris, Cerf, p. 267-322.
13. Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, 1989, 51 (DC 1989, n. 1978, p. 183-184).
14. Cf. Cahiers de l’Institut supérieur de la Pastorale catéchétique, n. 9, "Femmes en responsabilité dans l’Église", Paris, Desclée, 1992, p. 17.
15. Et celle-ci n’était que consultative.
16. Selon le Motu proprio de sa création en 1965, Apostolica sollicitudo.
17. Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, 1989, n°51.
18. Voir en particulier à ce sujet les travaux de François-Xavier Durrwell : par exemple dans Esprit Saint de Dieu, Paris, Cerf, 1985, p. 165 s. L’Esprit Saint représente, explique-t-il, la part féminine, maternelle de Dieu. Et Marie, toute humaine qu’elle est, accomplit une mission dans laquelle elle est la "doublure humaine de l’Esprit".
19. Jean-Paul II, Allocution du 10 sept. 1978 (DC 1978, n. 1749, p. 836).
20. Il s’agit du décret de Gratien du XIIe siècle qui assume la perspective de l’Ambrosiaster et qui constitue la première partie du Corpus iuris canonici qui reste en vigueur jusqu’en 1971. On y développe une perspective anthropologique qui exclut la femme de l’imago Dei…
21. R. Campiche, "Religion et égalité : un rapport ambivalent", in Thanh-Huyen Ballmer-Cao et Viviane Gonik, Hommes/femmes. Métamorphoses d’un rapport social. Actes du colloque du 21 mars 1997, Chêne-Bourg (CH), Ed. Médecine et Hygiène, 1998. Il s’agit d’un travail réalisé en 1997.
22. ERF : 25 % (sur 350) ; ECAAL : 26 % (sur 208) ; ERAL : 32 % (sur 53) ; EELF : 33 % (sur 45) ; soit pour le CPLR : 26 % (sur 655). La proportion au niveau de la France se situe pour les luthériens à 27 %, pour les réformés à 26 %. En Alsace-Moselle, le taux est de 27 %. Ces chiffres sont ceux de la fin de l’été 2005.
23. Les récits de la création ont été très souvent commentés et la littérature chrétienne mais aussi juive est ici très abondante. Je renvoie donc simplement à l’ouvrage de Maria Teresa Porcile Santiso, ibid., qui fournit lui-même de très nombreuses références et a l’avantage de ressaisir celles-ci à travers l’angle féminin.
24. Kenegdo en hébreu, de la racine neged qui signifie celui qui est en face et dans une relation de réciprocité, celui qui est tantôt un interlocuteur tantôt un réajusteur de la juste distance, sachant poser les limites.
25. Essentiel au sens de se référant à l’essence de la personne.
26. Au sens étymologique "radical" signifie qui va jusqu’aux racines.
27. Yvonne Pelle-Douelle, Être femme, Paris, 1967, p. 98. "La vocation de la femme, écrit-elle, ne peut en aucune façon être confondue, ni avec une “nature”, ni avec un “destin”. […] Il faut le répéter, destin et vocation sont deux notions radicalement contradictoires. Le destin est extériorité, aliénation, écrasement, inintelligibilité ; la vocation est intériorité, accomplissement, sens, dialogue de deux libertés".
28. On pourra rapprocher cela de la perspective conclusive de Paul Ricœur, Philosophie de la volonté. 1. Le volontaire et l’involontaire, Aubier, 1950.
29. En témoigne par exemple l’historien hébreu Flavius Joseph (ou Josèphe) quand il écrit que "les témoignages des femmes ne passent pas ; nous ne les recevons pas, à cause de la légèreté et du manque de retenue de ce sexe".
30. Karl Hermann Schelkle, Femmes dans la Bible, Trad. française de l’ouvrage allemand Der Geist und die Braut, Ed. Patmos, Düsseldorf, 1977. Publié en offsett en français, p. 99-100.
31. Sermon 132,1, Ed. A. Mai, Rome, 1852.
32. Sermon sur le Cantique des Cantiques, 75,8 ; PL 183, 1148B.
33. Il ne s’agit évidemment pas de juger ici de la valeur de l’inculturation ! Pour annoncer l’Évangile, l’Église ne peut se départir des cultures ! Il s’agit simplement de reconnaître que certains aspects des cultures, comme l’androcentrisme, peuvent s’avérer contraires au message évangélique ; dans ce cas et quand l’aspect culturel prend le dessus sur ce message évangélique, l’Église se trouve en décalage par rapport à celui-ci…

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Marie-Jo Thiel est Docteur en Médecine, docteur en théologie, diplômée de "Politiques européennes de santé", Habilitée à diriger des recherches en Ethique et théologie morale. Elle est :
- Directrice du master interuniversitaire d’Ethique, Centre Européen d’enseignement et de recherche en éthique (CEERE) (www.ethique-alsace.com)
- Directrice du groupe de recherche interuniversitaire, "Bioéthique et société", dans le cadre du projet MISHA (Maison des Sciences de l’homme en Alsace, UMS 2552). Recherches sur des thèmes comme "Le sens de l’agir médical", "Souffrances et morts", "Les rites autour du mourir", "Biotechnologies : pour quel sens de la procréation ?"…
- Vice-présidente du Département hospitalier et universitaire d’éthique médicale (DUHE) de la faculté de médecine de l’Université Louis Pasteur (ULP) de Strasbourg.
- Membre du Groupe "Ethique et Droits de l’Homme" de l’UMB. Recherches sur "Nouvelles technologies, nouvelles disciplines. Corps sujet/Corps objet."
- Vice-présidente de l’ATEM (Association de Théologiens pour l'Étude de la Morale).